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SUNDANCE 2025 Compétition World Cinema Dramatic

Alireza Khatami • Réalisateur de The Things You Kill

“Je voulais m'émanciper du cliché selon lequel à chaque fois qu'on veut réfléchir, il faut être seul dans l'obscurité"

par 

- Le réalisateur iranien installé au Canada nous parle de ses acteurs, du défi émotionnel qu'a représenté ce film et de sa production

Alireza Khatami • Réalisateur de The Things You Kill
(© Sundance Institute)

Cette année, le Festival de Sundance a présenté le nouveau travail d’Alireza Khatami, The Things You Kill [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Alireza Khatami
fiche film
]
, dans le cadre de la section World Cinema Dramatic Competition. C’est le troisième long-métrage du réalisateur iranien installé au Canada, et une coproduction international entre la Turquie, la France, la Pologne et le Canada. Nous avons interrogé le cinéaste sur ses acteurs, les difficultés émotionnelles auxquelles il a été confronté en faisant le film et sur la production.

Cineuropa : Quels sont les aspects les plus importants du personnage central ?
Alireza Khatami:
Au début, Ali pense qu’il a terminé son processus de guérison, qu’il est désormais un homme éclairé et qu’il comprend ce qu’est le patriarcat. Il se voit comme un intellectuel. Il est professeur à l’université et croit qu’il connaît sa place dans le monde. Parce qu’il cuisine à la maison, il pense qu’il ne fait pas partie du patriarcat. Bien sûr, sa vie n'est pas sans difficultés (par exemple, sa compagne et lui essaient d'avoir un enfant), mais il se considère comme un homme accompli qui fait ce qu'il doit faire. Cependant, lentement, il se rend que cette vision ne pourrait pas être plus éloignée de la vérité. Le film montre comment il se met à se regarder dans le miroir, pour se rendre compte de l’ampleur de ses défauts et du travail énorme qu'il lui reste à faire.

Votre film parle du cercle vicieux de la violence qui se transmet de génération en génération. Croyez-vous qu'il est possible de rompre ce cycle ?
Je pense qu'il faut plusieurs générations pour se libérer de la violence. Il ne suffit pas d'une personne, mais de toute une génération, pour briser ce silence. Est-ce que je pense que c’est possible ? Je pense qu’on a la responsabilité d'au moins essayer. "Ce n'est pas à toi de finir le travail, mais tu n'es pas libre non plus de t'y soustraire", comme le dit le rabbin Tarfon. Nous n’avons pas le choix. Et c’est une mission universelle que nous avons : c'est à tout le monde d'œuvrer dans ce sens.

Le paysage a un rôle majeur dans votre film. Il y a un contraste net entre la sphère urbaine du héros et le monde rural. Que cherchiez-vous à exprimer à travers ça ?
C’est un film sur le combat intérieur des personnages. Généralement, quand on a une lutte intérieure, on l’amène dans un espace confiné. Je voulais faire le contraire : je voulais l’amener vers un paysage vaste. Ses réflexions personnelles se déploient quand il est seul dans le jardin ou dans les montagnes. Il a besoin d’un endroit où se retirer pour être capable de penser. Je voulais me dissocier du cliché selon lequel à chaque fois qu’on doit réfléchir, on a le réflexe d'aller dans un espace sombre et confiné.

Comment avez-vous trouvé vos comédiens ?
Le casting est toujours la partie la plus difficile, pour moi, car les interprétations sont super importantes. La créativité et l'instinct des acteurs sont capitaux. Je voulais choisir des gens qui se sentaient très proches de ces rôles et des combats intérieurs des personnages. Nos acteurs sont de grosses stars en Turquie. Au début, nous n'avions pas le budget pour les embaucher, mais ils ont vu un morceau de leur propre cœur dans l’histoire. Ils se sont sentis connectés au film et ils y ont amené beaucoup d’art. J'ai bien vu la douleur qu’ils ont dû soutenir pour faire ce film. Je leur en serai toujours reconnaissant, car ça n’a pas été un parcours émotionnel facile.

Le film a été tourné en Turquie. Qu’est-ce qui a été le plus difficile ?
Nous étions initialement censés tourner en Iran, mais nous en avons été empêchés par le bureau de la censure, à cause de problèmes d’autorisations quelques semaines avant la date prévue pour le début du tournage. Nous avons dû le retarder de plus d’un an, le temps de trouver de nouveaux financements. Quand il a enfin pu commencer, en Turquie, nous avions un budget extrêmement limité alors que le film était assez exigeant, de sorte que ça n'a pas été une mince affaire. Heureusement, les comédiens ont facilité les choses et l'équipe technique a été formidable. Comme nous tournions dans un pays que ne nous connaissions pas, c'était la première fois que nous travaillions avec tout le monde. Nous sommes parvenus à le faire, même si ça paraissait impossible. Je suis content que nous en soyons ressortis la tête haute. Nous sommes allés là-bas avec des convictions, sans compromis, et nous avons fait des plans dingues. J’aime bien repousser les limites.

(Traduit de l'anglais)

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