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France

Julie Rousson • Déléguée générale du Festival international du court-métrage de Clermont-Ferrand

“Si vous passez trop vite sur le début, comment arriver à la fin ?”

par 

- Alors que le plus grand festival du monde en matière de films courts s'apprête à commencer, Cineuropa chercher à en savoir davantage sur les défis qui sont actuellement à relever pour le secteur

Julie Rousson • Déléguée générale du Festival international du court-métrage de Clermont-Ferrand
(© Clara Hugueney)

La 47e édition du Festival international du court-métrage de Clermont-Ferrand commencera le 31 janvier et présentera, comme toujours, une myriade de courts-métrages au public enthousiaste réuni dans ses salles combles. À côté des projections, pour les professionnels du court-métrage, le Marché du film court débutera le 3 février. Plus de 3600 professionnels du secteur (représentants de festivals, vendeurs, distributeurs et, bien sûr, réalisateurs) seront présents pour célébrer la 40e édition du marché.

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Nous avons interrogé Julie Rousson, déléguée générale du Festival international du court-métrage de Clermont-Ferrand, sur ce que le marché va proposer cette année, et la manière dont le secteur du court-métrage s’adapte à cette époque difficile.

Cineuropa : Y a-t-il quelque chose de spécial de prévu pour la 40e édition du Marché du film court ?
Julie Rousson:
Nous voulions marquer le fait que le marché a beaucoup évolué, surtout ces dix dernières années, et qu’il est ouvert à d’autres formats courts au-delà des courts-métrages de cinéma. Ainsi, nous allons inaugurer un nouveau programme XR dédié aux projets immersifs (ce qui inclut la VR, des jeux vidéo...) et nous allons aussi aborder le sujet de l’intelligence artificielle. L’idée est d'insister sur le fait que tous les types de formats courts ont le même point de départ, car à chaque fois, il y a tout un processus artistique. [Nous voulons aussi réfléchir] à ce qu'on peut faire pour aider les secteurs du court-métrage et des projets immersifs à se rencontrer et à apprendre l’un de l’autre. Par ailleurs, avec tous les festivals qui seront représentés au marché, nous allons voir comment les films en VR peuvent trouver leur place dans le circuit des courts-métrages.

C’est la première année, donc on se concentrera surtout sur le secteur de l’immersif français. En 2026, nous ouvrirons davantage ce volet à la scène internationale. C’est un axe que le programme MEDIA soutient aussi, et ils ont augmenté leur soutien pour les deux prochaines années du marché. Ça ne consistera pas qu'en une série de tables rondes : il y aura des activités réseautage et des projets immersifs seront pitchés à Euro Connection, donc ce sera plus orienté industrie qu'avant.

Dans quelle mesure pensez-vous que le Marché du film court est représentatif l’état du secteur ? Il semble y avoir des va-et-vient en termes de participants, d'une année à l'autre.
S'il est une chose dont on peut être sûr, c’est que le secteur de la culture est en difficulté partout dans le monde. Ça fait un moment, dans certaines zones géographiques spécifiques, mais la tendance est en train d’arriver en Europe aussi, et ça nous rend plus conscients de ce qui se passe partout ailleurs. Donc en effet, il y a beaucoup de pays qui vont et viennent. Le Japon, par exemple, était de retour l’année dernière, mais ils ne seront pas présents cette année. En revanche, nous aurons une délégation thaïlandaise, et nous allons accueillir un stand libanais. Il y a aussi le stand britannique, sur lequel on travaille depuis un moment parce qu'avant, c’était le plus gros stand (le Royaume-Uni étant un des plus gros producteurs de courts-métrages d’Europe), mais la présence britannique a souffert du Covid-19 et du Brexit. Heureusement, nous sommes enfin parvenus à ramener une bonne partie de cette bonne énergie à nous, et ils ont fait un travail incroyable.

Le secteur du court-métrage est très fragile et chaque année, certains pays ont des problèmes économiques qu'il est conséquemment difficile d’inclure, mais c'est aussi que l’espace est limité. Il y a des gens qui veulent venir mais qui ne peuvent pas, pour des raisons d’espace.

Comment pensez-vous que le secteur du court-métrage peut essuyer la tempête ?
Nous sommes petits, mais nous accueillons volontiers les nouveaux venus. Nous travaillons ensemble, pas les uns contre les autres, et nous sommes plus forts ensemble. Ce que le Covid-19 nous a appris, c’est que cette connexion, le fait de discuter et de partager, c'est clef, dans notre secteur. Bien sûr, les événements en ligne ont constitué un outil formidable pour maintenir ce lien, mais ce que nous avons vu, c’est que dès que les gens ont pu se réunir de nouveau, ils l’ont fait.

Ce que je vois en France, c’est que les conseils régionaux se sont renouvelés, et que les nouveaux venus ne connaissent pas très bien leur région. Ils ne connaissent pas très bien bien le domaine de la culture et prennent des décisions fondées sur une idée erronée de ce qu’est le court-métrage. Ils ne savent pas combien il est important d’encourager le début d’une carrière, et que cela aboutira aussi à quelque chose de bien pour la région. Quand nous avons de nouveaux membres du secteur qui viennent au festival pour la première fois, ils disent : "Oh, je ne savais pas que c’était comme ça, c’est énorme. Il y a tellement de choses qui se passent au marché". Ça veut dire que nous avons constamment besoin d’expliquer les choses, parce que le jeune personnel politique ne sait pas, ou s’en fiche, et nous n’avons pas le pouvoir qu'a le secteur du long-métrage. L’industrie du court-métrage n’a pas le même poids économique, mais c’est là que tout le monde commence. Si vous entravez les débuts, comment arriverez-vous à la fin ?

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(Traduit de l'anglais)

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