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SOLEURE 2025

Maria Nicollier • Réalisatrice de Road’s End in Taiwan

"J’ai écrit le scénario en voyageant"

par 

- La réalisatrice suisse nous explique pourquoi elle a décidé de tourner son film à Taiwan et quelles ont été les difficultés de faire jouer ensemble des acteurs aux personnalités très différentes

Maria Nicollier • Réalisatrice de Road’s End in Taiwan

Première production entre la Suisse et Taiwan, Road’s End in Taiwan [+lire aussi :
critique
interview : Maria Nicollier
fiche film
]
de la suisse Maria Nicollier raconte l’histoire de trois frères qui doivent apprendre à se connaître après avoir été séparés presque toute leur vie. Métaphore d’un pays riche et conflictuel, le film a eu sa première aux 60es Journées de Soleure. Nous avons parlé avec la réalisatrice de ce qui l’a inspirée et des défis que son road movie lui a imposé.

Comment est née l’idée du film et surtout pourquoi avez-vous décidé de tourner votre film à Taiwan ?
Maria Nicollier : Un jour, en voyageant vers Hong Kong je suis passée, un peu par hasard, par Taiwan. J’ai tout de suite adoré le pays, je suis tombée amoureuse de sa culture, de ses diverses influences. J’ai écrit le scénario en voyageant dans le pays à partir de 2017. L’histoire que je raconte dans le film est un une sorte de métaphore du pays, de ses habitants qui sont d’origine chinoise mais veulent être considérés comme taiwanais. On retrouve cela dans mon film qui est un drame familial marqué par un problème identitaire, par la rencontre de différentes cultures, mais aussi par le fait que les protagonistes ne connaissent pas leur père. Je me suis également beaucoup inspirée de ma propre histoire, de mes deux grands frères, de leur difficulté à communiquer leurs sentiments.

Le paysage est très important dans le film, très présent, il devient une sorte d’acteur à part entière. Pouvez-vous m’en dire plus à ce sujet ?
Absolument, il devient un acteur lui aussi, parce que finalement mon protagoniste s’éveille à sa propre identité en s’ouvrant à ce pays. À chaque lieu qu’il visite, il évolue. Ce n’est pas facile de tourner dans un endroit constamment ensoleillé. Sans compter la petite fourgonnette où voyagent les trois frères qui, pour moi, était un élément très fort, très caractéristique de Taiwan, un vrai symbole. Mon chef opérateur et les techniciens trouvaient que c’était impossible de tourner dans une si petite voiture, mais pour moi, cette proximité forcée était très importante pour raconter la relation entre les trois frères. Cette proximité des corps, la chaleur, un certain sentiment d’oppression, font partie intégrante du film.

Comment avez-vous choisi vos acteurs et comment avez-vous travaillé avec eux ? Comment s’est construit leur complicité ?
J’ai beaucoup travaillé seule avec Elliot Malvezzi, le petit frère. Lors du casting pour son rôle tous les acteurs que j’ai vus venaient du théâtre et surjouaient beaucoup. Lui, en revanche, n’avait aucune expérience, mais j’ai senti qu’il dégageait une présence incroyable. Par la suite, j’ai travaillé deux jours entiers avec Pierre-Antoine Dubey, qui joue Damien et Rhydian Vaughan, Steven dans le film, qui est une vraie star à Taiwan. Ça a été assez compliqué parce que, pendant tout le tournage, les taiwanais qu’on rencontrait étaient intrigués par Rhydian. D’un côté j’avais un acteur taiwanais qui avait un statut de star et de l’autre un acteur suisse, mon protagoniste, qui avait une présence incroyable devant la caméra, et ça n’a pas été si évident de les faire travailler ensemble, je percevais une certaine rivalité entre eux. Mais Elliot savait les pacifier, les ramener à une relation professionnelle équilibrée. Dans mon histoire les protagonistes sont d’origine mixte et c’est le cas aussi de mes acteurs : Rhydian est à moitié du Pays de Galles et à moitié taiwanais, Elliot est à moitié français et à moitié autochtone. Pour ce qui est d’Antoine, j’avais déjà travaillé avec lui. Au début, son rôle devait être interprété par une femme. Dans le film il devait y avoir deux frères et une sœur. Lui, je l’avais choisi pour un autre rôle qui a disparu. Par la suite j’ai réalisé que c’était lui mon protagoniste et à partir de là j’ai tout changé et je me suis éloignée de ma propre histoire personnelle.

Vous avez utilisé la musique de façon très intéressante, elle est présente mais pas envahissante. Comment faites-vous rentrer la musique dans votre univers ?
Je suis insupportable avec la musique, je crains toujours qu’elle soit trop présente, qu’elle prenne trop de place, donc je suis contente que vous me disiez ça. C’est la deuxième fois que je travaille avec Tarek Schmidt. Il est un musicien très doué et à l’écoute. Nous avons travaillé ensemble des mois durant, avec le sound designer Laurent Jasperson. Je trouve que la musique a énormément d’importance dans les films, elle doit être là sans être là. Pour moi, c’est le plus grand défi dans un film. Et comme c’est un film de non-dits, la musique raconte beaucoup, il faut donc qu’elle ne soit pas trop envahissante.

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