Valentine Cadic • Réalisatrice de Le Rendez-vous de l'été
“Quand vous êtes seul, vous êtes vulnérable, mais ouvert aux gens qui vous entourent”
par Savina Petkova
- BERLINALE 2025 : La réalisatrice française explique comment elle a relevé le défi compliqué de réaliser son premier long-métrage pendant les JO de Paris

Pendant les Jeux olympiques de Paris 2024, Blandine (Blandine Madec), 30 ans, arrive dans la capitale depuis la Normandie pour reprendre contact avec sa demi-sœur, dont elle s’est éloignée. Elle n’a encore aucune idée de ce qui l'attend et des rencontres improbables que Paris va lui offrir. Voilà l’intrigue du film de fiction Le Rendez-vous de l'été [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Valentine Cadic
fiche film] de Valentine Cadic, projeté en première mondiale cette année à Berlin, dans le cadre de la compétition Perspectives. Juste avant la première, Cineuropa a interrogé l'actrice et réalisatrice, notamment sur la vulnérabilité et les conditions de tournage pendant les Jeux olympiques.
Cineuropa : Blandine Madec jouait aussi le personnage principal de votre court-métrage Les Grandes Vacances (2022), qui s'appelait aussi Blandine. Est-ce la même Blandine que celle nous voyons dans Le Rendez-vous de l'été ?
Valentine Cadic : Ce n’est pas exactement le même personnage, mais je savais que je voulais retravailler avec Blandine, parce que je sais ce dont elle est capable et ça me permettait d'emmener son personnage dans une direction particulière. J’ai développé cette Blandine-là avec ma coscénariste, Mariette Désert.
Blandine est assez à l'aise seule pour explorer le chaos autour d’elle. Comment crée-t-on au niveau du scénario un personnage qui est seul, mais pas solitaire ?
Quand on est seul, on est vulnérable, mais on est ouvert aux gens autour de nous. J'ai trouvé intéressant que ce personnage ait des choses compliquées à gérer, ce qui ne l'empêche pas d'être quelqu'un d'ouvert. Parfois, c’est encore plus nécessaire de vivre des rencontres comme ça quand on est seul.
Pouvez-vous nous en dire plus sur ce qui vous a amenée à décider de donner les Jeux olympiques pour toile de fond à cette solitude ?
Bien sûr. C'est qu'on peut se sentir très seul quand on a une foule de gens autour de soi. Ça peut aussi être assez comique, à cause de cet écart. Pour un personnage comme Blandine, à un moment comme les Jeux olympiques dans un endroit comme Paris, tout peut arriver. Avec ma coscénariste, nous avons imaginé l'impact qu'un tel événement pouvait avoir non seulement sur la ville et les Parisiens, mais aussi sur les gens qui viennent d’ailleurs pour assister à cet événement. C’est ce qui m'intéressait, ainsi que le fait que cette expérience peut vous submerger.
Comment vous y êtes-vous prise, sur le plan pratique ?
C’était un peu comme faire un documentaire. Nous savions que nous allions tourner, mais il y avait toujours quelque chose qui se passait, de sorte que nous devions nous adapter au réel qui se déployait devant nous. Parfois, une épreuve était annulée, et nous devions imaginer des manières de faire avec ce que ce que nous avions. Quand je rencontre des comédiens, à l'étape du casting, je demande toujours s'ils sont à l'aise avec l’improvisation, parce que ça ouvre beaucoup de possibilités.
Et le tournage lui-même (la foule, l’excitation dans les rues...), c’était comment ?
Je m'étais déjà essayée à ça avec mes court-métrages, qui se passent aussi pendant des événements réels ou dans des endroits saisis dans leur vie réelle. J'avais donc les bases pour ce qui est du placement de la caméra. Par exemple, c’est bien d’avoir des gens qui viennent vers vous, mais il ne faut pas non plus être pile devant. Sinon, ils vont regarder directement la caméra. Nous l'avons mise sur un tripode et nous ne l’avons pas trop bougée. Pendant la préparation du tournage avec ma cheffe opératrice Naomi Amarget, je disais toujours que quoi qu’on prévoie, ça pourrait changer à la dernière minute pour une raison impossible à prévoir. Nous nous sommes beaucoup préparés, mais nous avons aussi changé beaucoup de choses pendant le tournage, parce que nous devions nous adapter.
Je pense que c’est un miracle que vous ayez pu faire un film aussi calme et équilibré dans des circonstances aussi imprévisibles et intenses !
Oui ! Mais c'est aussi ce qui me fascinait : de voir un personnage très gentil et calme dans une situation où tout bouge tout le temps. Ceci étant dit, si les Jeux olympiques sont très présents dans le film, ils ne sont pas tout le film. C’est une autre perspective sur cet événement que nous avons beaucoup vu à la télévision : ce n’est pas la fête tout le temps !
(Traduit de l'anglais)
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