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BERLINALE 2025 Generation

Alissa Jung • Réalisatrice de Paternal Leave

“Il peut y avoir tellement d'amour entre parents et enfants, tellement de soutien mais aussi de douleur”

par 

- BERLINALE 2025 : Nous avons interrogé la réalisatrice allemande sur sa tenace jeune héroïne, sa vision de la famille et la manière dont elle a fait son casting

Alissa Jung • Réalisatrice de Paternal Leave
(© Dario Caruso/Cineuropa)

Dans Paternal Leave [+lire aussi :
critique
interview : Alissa Jung
fiche film
]
d'Alissa Jung, qui vient de faire sa première dans la section Generation 14plus de la 75e Berlinale, Leo (Juli Grabenhenrich), 15 ans, n'a jamais rencontré son père, du moins jusqu'à maintenant, car à présent, elle veut retrouver ses traces. Paolo (Luca Marinelli) vit seul à côté d'une plage au nord de l'Italie. Ils n'ont rien en commun, et ne parlent même pas la même langue, mais Leo n'est pas du genre à abandonner. Nous avons interrogé la réalisatrice sur sa conception de la famille, la manière dont elle aborde ses personnages et le casting.

Cineuropa : Paolo dit à Leo qu'on ne peut pas connaître quelqu'un simplement en l'interviewant, et pourtant, nous voilà ici. Pourquoi avez-vous voulu composer un personnage d'enfant si proactif ? En effet, elle n'attend personne, elle se débrouille seule pour faire arriver les choses.
Alissa Jung :
Les filles sont souvent décrites comme plus faibles, on se demande bien pourquoi. Ce n'est pas ce que je constate autour de moi. Les jeunes femmes sont si courageuses. Elles sont sincères, elles savent se défendre et n'ont pas peur de montrer leurs émotions. Leo va là et elle explose, comme une petite bombe dans sa vie. Nous sommes tous des êtres humains, nous faisons des erreurs, mais ce serait bien d'avoir une Leo pour nous forcer à nous regarder un peu dans le miroir.

Elle est d'une sincérité brutale, c'est sûr, mais ce n'est pas facile de se "retrouver" dans ces conditions. Vous prenez du temps pour construire leur relation dans le film. Ça n'arrive pas du jour au lendemain.
Je devais être aussi honnête que possible. Ils finissent par comprendre beaucoup de choses, au bout d'un moment, mais calmement, en leur for intérieur. La vie est plus compliquée et complexe que dans les intrigues qui finissent en disant que les personnages vécurent heureux pour le restant de leurs jours. Cela dit, ils franchissent des étapes considérables, parce qu'accepter les choses avant de les changer est la partie la plus dure.

Il y a beaucoup de parents absents ici, pas juste Paolo. La mère de Leo n'intervient qu'au téléphone et le père de sa nouvelle amie est une présence violente, mais invisible. 
Ce qui m'intéresse, ce sont les relations entre parents et enfants. Il peut y avoir tellement d'amour, tellement de soutien, et en même temps, de blessures. Peu de gens vous soutiendront autant et peu vous feront autant souffrir que vos parents. Ça va dans les deux sens : je suis une fille et une mère, donc je ne le sais que trop. Je voulais me concentrer sur Paolo et Leo. Ce n'est, par exemple, pas une histoire de parents qui se retrouvent. Cela dit, pour moi, la mère est absente parce qu'elle travaille. Et puis c'est une mère allemande, alors elle fait confiance à sa progéniture [rires]. Ça ne veut pas dire qu'elle est absente sur le plan émotionnel. Leo est une fille cool. Elle ne serait pas aussi cool si sa mère n'était pas là pour elle.

Il faudrait que père et fille trouvent un langage commun, au sens propre comme au sens figuré. Pensez-vous que la barrière de la langue complique la situation encore davantage ?
Ce sont déjà des étrangers l'un pour l'autre, et pour couronner le tout, ils ne parlent pas la même langue. Je vis en partie en Italie, donc il était clair pour moi que j'irai là-bas. Ensuite, j'ai trouvé l'endroit où nous avons tourné et j'ai adoré. J'adore les endroits où il semble n'y avoir que deux saisons : l'été, il y a des milliers de gens qui profitent de la plage et du soleil, et l'hiver, il ne reste plus que 200 personnes et le lieu paraît follement isolé. Ça m'a plu de placer ce personnage dans ce contexte. Il vit là, et tâche de se concentrer sur son existence. Et puis sa fille déboule et trouble le silence qu'il recherchait. Cet endroit est un peu comme lui. Il paraît tellement fermé. Elle continue de frapper, frapper, et il n'ouvre pas la porte.

Est-ce que ça vous a fait peur, de faire autant reposer le film sur une jeune interprète ? Vous donnez l'impression de vraiment la suivre et aller dans son sens. 
J'ai dû me battre un peu, mais je n'avais pas peur. J'ai fait beaucoup de théâtre jeunesse avant, et j'y ai travaillé avec des enfants et de jeunes adultes. Quand le directeur de casting m'a demandé "De quoi elle a l'air ? Comment sont ses cheveux ?", j'ai répondu : "Je ne sais pas". Je savais quelle énergie je cherchais et quel âge avait Leo. En faisant mes recherches, j'ai trouvé beaucoup de jeunes qui sont dans une quête similaire à 15 ou 16 ans. On veut comprendre les choses, donc on essaie de trouver ses parents. Juli n'avait jamais joué avant, mais elle avait quelque chose. Elle ne fait rien qu'elle n'ait envie de faire.

(Traduit de l'anglais)

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