Iván Fund • Réalisateur de El mensaje
"Ce que la famille représente vraiment pour moi, c'est l'acte d'être présent"
par Teresa Vena
- BERLINALE 2025 : Le réalisateur argentin évoque la genèse de son nouveau film, le fait de combiner des comédiens professionnels et non professionnels et la découverte de sa chanson principale

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fiche film] de l'Argentin Iván Fund , une coproduction entre l’Argentine, l’Espagne et l’Uruguay qui a fait sa première en compétition au 75e Festival de Berlin, est un drame intime en noir et blanc, sur une petite fille qui a la capacité de parler aux animaux, qui aborde sous un angle intrigant les notions de communauté et de famille. Nous avons interrogé le réalisateur sur sa définition de la famille, et sur le choix du sujet principal du film.
Cineuropa : Vous êtes-vous inspiré de vraies personnes ?
Iván Fund : Pas pour la partie médiumnique, mais j’ai la chance immense que ma famille de cinéma soit presque ma vraie famille. J’ai un vrai lien avec tous les gens qui apparaissent dans le film. Nous nous connaissons très bien, de sorte que c’était très facile, et très intéressant, de porter ce lien véritable qui existe nous sur l’écran. Le sujet de la communication avec les animaux vient d’un rêve d’enfance, que beaucoup d’entre nous ont dû faire : nous avons tous rêvé, à un moment, d’avoir la possibilité de parler aux animaux et de se sentir partie intégrante de cette formidable communauté de créatures. Je voulais qu'Anika soit un peu comme une princesse Disney, une princesse au milieu d’une crise économique qui parcourt des routes poussiéreuses. Elle a un don tout à fait unique, mais le monde dans lequel elle vit est dans un tel état que son don signifie avant tout qu'elle peut gagner un peu d’argent pour tenir jusqu’à la fin du mois.
Vous laissez le doute planer quant aux liens de sang ou pas qui existent entre les personnages. Était-ce une manière de remettre en question la conception classique qu’on a de la famille ?
Oui, exactement. Quand j’écris un scénario, je tâche d'abord de comprendre quel genre de personne sont les personnages, même si je ne peux pas, ensuite, dire toute la vérité sur eux. Je me mets juste à deviner qui ils sont et j’essaie de l’exprimer de la meilleure manière possible. Je ne veux pas les définir. C'est comme une amitié : on ne peut jamais savoir ce qu’un ami pense vraiment ou ressent, au fond de lui. Par ailleurs, mon idée de la structure familiale est proche de celle qu’en a Hirokazu Koreeda. Je crois que ce que la famille représente vraiment pour moi, c'est l'acte d'être présent. Les personnages sont toujours en train de doser vérité et mensonge, et on n'est jamais sûr de la nature des liens qui les unissent, mais leurs sentiments sont très nobles et très authentiques. Je pense qu’ils disent la vérité, mais je voulais donner au public l'occasion de décider quoi penser par lui-même.
Pouvez-vous nous en dire plus sur les comédiens ?
Mara Bestelli et Marcelo Subiotto sont tous les deux des acteurs professionnels très expérimentés. J’ai travaillé avec eux sur mon film précédent, Dusk Stone [+lire aussi :
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fiche film]. Nous nous sommes rencontrés sur ce projet et nous sommes devenus amis. Anika, qui joue la petite fille, a dix ans et c’est ma belle-fille. Elle vit avec moi depuis qu’elle a deux ans, donc on était en préproduction sur ce film depuis huit ans ! C’est la première fois qu’elle joue un rôle principal, mais elle a eu de plus petits rôles dans d'autres films. Devant et derrière la caméra, les comédiens, les techniciens et moi formons une équipe très réduite . Nous travaillons ensemble depuis deux ans environ, maintenant, alors nous nous connaissons très bien. Il est intéressant de voir comment cela peut se traduire avec fraîcheur à l’écran. Au-delà du trio central, nous avons aussi des acteurs non professionnels qui jouent les propriétaires des animaux domestiques. Nous les avons trouvés en lançant un appel à candidats. Nous avons demandé aux gens de nous envoyer des photos de leurs animaux, pour pouvoir les inclure dans le film.
Ce film est aussi une sorte de road movie. Où l'avez-vous tourné ?
Nous l'avons tourné à Entre Ríos, parmi les paysages de mon enfance. C’est très pratique, là-bas, parce qu’on peut y trouver tous types de lieux et donner l’impression qu’on a tourné dans une région très vaste. Pour moi, le film est définitivement un road movie parce que tout drame est, par définition, un parcours, l'histoire de quelqu’un qui est sur la route.
Pourquoi avez-vous choisi la chanson “Always on My Mind” ?
Parce qu'elle est géniale. J’ai découvert récemment que c’est la chanson qui a fait l’objet de plus de reprises au monde. C’est devenu notre chanson par hasard. Quand nous avons loué le van que nous avons utilisé pour le tournage, à un moment, Anika a mis en route le lecteur CD et la chanson a démarré. C’était une scène formidable. J’ai couru chercher la caméra pour la filmer. J’ai compris que c’était la chanson réconfortante parfaite pour le personnage d’Anika. Elle avait le bon contraste avec le ton du film, tout en étant très émouvante. Et nous avons eu de la chance : quand le film était presque fini et que nos coproducteurs espagnols nous ont rejoints, ils ont réussi à avoir les droits pour la chanson.
(Traduit de l'anglais)
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