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BERLINALE 2025 Compétition

Lucile Hadžihalilović • Réalisatrice de La Tour de glace

“C'est l'histoire classique de l'ado qui est désormais assez grande pour penser qu'elle peut se lancer à la découverte du monde des adultes et du monde tout court”

par 

- BERLINALE 2025 : La réalisatrice française nous parle du symbolisme du conte La reine des neiges et des idoles féminines de sa jeunesse

Lucile Hadžihalilović • Réalisatrice de La Tour de glace
(© Dario Caruso/Cineuropa)

Cineuropa a rencontré Lucile Hadžihalilović, la coscénariste et réalisatrice de La Tour de glace [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Lucile Hadžihalilović
fiche film
]
, présenté en compétition à Berlin. L’artiste française détaille pour nous son film et nous parle du symbolisme du conte La reine des neiges ainsi que des idoles féminines de sa jeunesse.

Cineuropa : Vous dites que tous vos films sont comme des contes de fées, et que celui-ci est une réinterprétation de La reine des neiges. Pourquoi avez-vous choisi ce conte en particulier ?
Lucile Hadžihalilović : Avant toute chose, j’aime le fait que l'héroïne de l’histoire de Hans Christian Andersen soit une fille, une fille qui s'est lancée dans un parcours pour sauver un garçon, alors qu'habituellement, ça se passe dans l’autre sens. Je trouvais aussi intéressante la figure de la reine des neiges et ce qu'elle peut représenter. Au début, en écrivant le scénario et même en faisant le film, je n’étais pas sûre de savoir qui elle était, et puis c'est devenu plus évident pour moi. Je voulais qu’elle soit à la fois une vraie femme et une figure archétypale, peut-être celle d’une mère, ou même la mort. J'aimais aussi l'idée d'une rencontre entre une fille et la reine des neiges : ça a été une des raisons principales de mon choix. Une autre est que la fille est proactive, mais maladroite et innocente aussi. Elle crée aussi sa propre réalité sur qui est vraiment la reine des neiges, et ce qui se passe vraiment. Le film qu'on tourne à l'intérieur de mon film pourrait aussi être le rêve de la fille.

La fille, Jeanne ou Bianca, comme elle se présente, est à un âge où les filles admirent parfois des femmes plus âgées et veulent être comme elles. Il y a une attirance semi-érotique entre la star du film, Cristina, qui joue la reine des neiges, et elle.
Je pense que c’est l'histoire classique de l'adolescente qui est désormais assez grande pour penser qu'elle peut se lancer à la découverte du monde des adultes et du monde tout court. Elle a été élevée dans un petit village dans les montagnes, donc elle a vécu dans un cocon, d’une certaine manière, même si elle n’a pas de vrais parents. L'histoire est un miroir entre deux femmes. Cristina est une figure fascinante qui reflète ce qu’une femme peut être, à la fois comme actrice et comme la figure frappante de la reine des neiges, mais de son côté, Cristina reconnaît en Jeanne la jeune fille qu'elle fut à son âge. Les deux femmes sont à un moment spécifique de leur vie. Pour Cristina, tout se met à s'effondrer, car sa folie a pris le pas sur tout ; pour Jeanne, c'est le contraire. Elles sont toutes les deux à un carrefour, et se reconnaissent toutes les deux dans l'autre.

Cristina est une star de cinéma, et Jeanne l'idolâtre. Je vois aussi dans votre film un avertissement : attention à la personne que vous choisissez comme héros. Aviez-vous cette question à l’esprit ?
Oui, mais d’une certaine manière, je pense que Jeanne voit aussi, avant tout, cette star comme une femme qui souffre, contrairement à l’équipe qui entoure Cristina, qui ne remarque pas ça. Les gens se disent juste : "Oh, elle est compliquée". Jeanne voit tout cela, et c’est aussi ce qu’il attire vers Cristina. Mais comment une jeune fille peut-elle gérer le niveau de souffrance ou les blessures que porte cette femme ? Peut-être cela montre-t-il aussi que Jeanne ne peut pas devenir ce genre de femme, parce qu’il y a de la souffrance en elle, une forme de désir d’autodestruction et de destruction des autres. À la fin, elle dit "non" à Cristina, par deux fois, d'ailleurs.

Y a-t-il des femmes en particulier que vous idolâtriez quand vous aviez l’âge de Jeanne ?
Quand j’ai commencé à aller au cinéma seule, adolescente, j’ai vu beaucoup de gialli, parce qu'à l'époque, c'était un genre populaire. Ce qui m’attirait, dans ces films, c’était aussi la beauté et le côté glamour des personnages féminins, même si elles finissaient assassinées. Je les trouvais très séduisantes, jusqu’à ce que je me rende compte combien c'était factice ou déformé, et qu'elles avaient été créées comme ça exprès. Je me souviens aussi des posters de l'époque, notamment ceux qui étaient des photos de David Hamilton. Je pense que toutes les ados en avaient, à ce moment-là. Ces images étaient normales pour nous, on ne se posait pas de question sur ce qu'il y avait au-delà de la photo. On voyait juste de belles jeunes filles et on pensait qu'on voulait être comme ça : parfaites et graciles. Donc pour ma part, je n'avais pas pour idole une actrice ou un personnage en particulier, mais plus un modèle ou un type de femme. Je m'identifiais davantage à certaines écrivaines.

(Traduit de l'anglais)

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