email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

SÉRIES MANIA 2025 Séries Mania Forum

Francesco Capurro • Directeur, Séries Mania Forum

"Il faut que l’industrie de la série s’adapte pour s‘adresser aux nouvelles générations"

par 

- Le pilote des journées professionnelles du Festival Séries Mania livre ses réflexions sur la conjoncture de l’industrie de la série

Francesco Capurro • Directeur, Séries Mania Forum
(© Chloé Leclercq)

Rencontre avec Francesco Capurro, le directeur du Séries Mania Forum (du 25 au 27 mars - lire la news), le volet professionnel du 15e Festival Séries Mania (qui a démarré vendredi à Lille – article).

Cineuropa : Comment s’annonce cette nouvelle édition de Séries Mania Forum ? Quelles sont les nouveautés ?
Francesco Capurro :
Il y a un réel engouement de la part des professionnels : on sent que Séries Mania Forum fait maintenant partie du calendrier des événements à ne pas manquer, non seulement en France et en Europe, mais de plus en plus aussi à l’international. Nous aurons d’ailleurs plus de 20 délégation officielles venues de Taïwan, de Corée, d’Afrique, du Brésil, du Canada, etc. Nous n’avons pas trop changé la formule qui fonctionne et qui est appréciée, mais nous avons rajouté une grande nouveauté cette année, les Buyers Upfront (lire l’article), un événement privé, exclusivement à destination des acheteurs à qui seront montrés des extraits de dix séries inédites que nous avons sélectionnées avec l’équipe artistique du festival.

Est-ce une transformation en un marché plus officiel et moins informel ?
C’est pour compléter l’offre de Séries Mania Forum qui est né comme un marché de développement et de coproduction de projets. Cela reste notre ADN et d’ailleurs les producteurs sont la catégorie professionnelle la plus représentée au Forum. Mais au fur et à mesure des années, l’événement a pris de l’ampleur, nous avons de plus en plus d’exposants et parmi eux, les plus grandes sociétés de production et de distribution de l’industrie (de Mediawan à Beta, en passant par Globo, et pour la première fois cette année StudioCanal). Nous présentions également déjà des séries terminées dans notre section Coming Next From qui met un coup de projecteur sur différents territoires. Les Buyers Upfront viennent compléter ces dispositifs, nous permettant de couvrir toute la chaîne de valeur, de l’écriture à la vente et la distribution de séries. Cela fait quelques années que cette transformation est amorcée, mais cette année, notamment avec la fin du MIPTV à Cannes, certains distributeurs qui avaient l’habitude de venir chez nous, nous ont fait part d’un besoin d’avoir une vitrine de lancement de leurs séries. C’est ce qui nous a donné envie de réponde à cette attente en créant cet événement spécifique.

Au niveau des 406 projets issus de 72 pays que vous avez reçus pour les Co-pro Pitching Sessions (article), quelles sont les tendances ?
Nous étions contents de constater que malgré la crise et ce que l’on peut entendre sur le "post peak TV", nous avons reçu autant de projets et c’est un volume très significatif, ce qui prouve que les producteurs sont très actifs. Parmi les tendances, les formats de séries tendent à se raccourcir avec un peu moins d’épisodes par série. Il y a aussi moins de projets de séries d’époque très chères à produire ou de science-fiction : on revient vers le contemporain ou l’Histoire récente. Le thriller reste le genre prédominant, ce qui n’est pas une surprise : c’est ce qui marche le mieux sur les chaînes donc cela se traduit dans les projets en développement. C’est aussi un peu inhérent à la nature même de l’objet sériel car le suspense, c’est ce qui fait que les spectateurs ont envie de continuer à regarder l’épisode suivant. Mais c’est un genre extrêmement vaste qui permet de déployer toute une gamme de variations et de déclinaisons. L’une des tendances d’ailleurs ces dernières années, c’est d’avoir des personnages principaux féminins et peut-être aussi de se détacher de la figure du policier qui enquête pour aller vers d’autres personnes qui vont mener leur propre enquête en parallèle éventuellement avec celle de la police.

Les coproductions à plusieurs pays semblent se multiplier au stade du développement.
Dans le contexte "post peak TV", il y a de plus en plus de nécessité d’unir les forces et de co-financer des projets ambitieux (donc chers) à vocation internationale. Coproduire permet aussi de vendre plus facilement les séries, de les faire circuler. Il y également maintenant des co-financements entre des chaînes traditionnelles et des plateformes avec des diffusions successives dont on a vu que les audiences ne se cannibalisaient pas. On sent bien qu’il y a de plus en plus besoin de coproductions au sens large, de co-financements.

Le 27 mars, Les Dialogues de Lille décrypteront le sujet "post peak TV", notamment sous l’angle des changements d’audience.
C’est une question majeure. Comment attirer les audiences plus jeunes ? Car l’audience moyenne de chaînes, notamment des chaînes linéaires, est plutôt vieillissante. Quand on s’adresse aux jeunes générations, il faut faire face à une concurrence d’autres médias : les réseaux sociaux, les plateformes de vidéo gratuites type YouTube, etc. C’est une concurrence non seulement pour capter leur attention, mais aussi ensuite une concurrence en termes de marché publicitaire. Il faut que l’industrie de la série s’adapte pour s‘adresser aux nouvelles générations et pour qu’elles continent à consommer de séries de qualité, de formats plus longs, etc. Car pour l’instant, la tendance est plutôt à aller vers de la consommation rapide, des formats de plus en plus courts et parfois produits de manière pas vraiment qualitative. Il y donc un vrai enjeu autour des audiences.

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy