Lionel Massol • Producteur, Films Grand Huit
"Raconter la société, avec des partis-pris artistiques assez forts"
par Fabien Lemercier
- Le représentant français des Producers on the Move revient sur son parcours, la ligne éditoriale et les projets de la société bretonne

Co-fondateur en 2015 avec Pauline Seigland de la société française Films Grand Huit, Lionel Massol compte notamment à son actif Disco Boy [+lire aussi :
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Cineuropa : Comment êtes-vous devenu producteur et quelles ont été les principales étapes de votre parcours ?
Lionel Massol : J’ai commencé à l’âge de 20 ans comme assistant de production, d’abord pendant cinq ans dans une société plutôt orientée vers le court-métrage où j’ai beaucoup appris car elle produisait énormément de films. Ensuite, comme je voulais évoluer vers le long métrage, je suis devenu assistant d’Élisabeth Perez chez Chaz Productions où j’ai travaillé quatre ans avec un autre modèle : du long, donc moins de films et une autre façon de travailler, de financer, etc. J‘ai rencontré Pauline Seigland pendant nos études et elle aussi avait travaillé rapidement et plutôt sur des plateaux comme directrice de de production. Nous avons constaté notre complémentarité, une même énergie, une même façon de voir ce qu’est le cinéma, de ressentir l’urgence qu’il y a à faire des films. Tout cela a présidé à ce que à notre décision de créer ensemble Films Grand Huit.
Quelle est la ligne éditoriale de Films Grand Huit ?
D’abord, produire des films d’autrices et d’auteurs de notre génération. C’est aussi pour continuer à accompagner des cinéastes que nous avons rencontrés dans nos vies d’avant, comme Jonathan Millet et Camilla Beltrán par exemple, que nous avons eu envie de créer notre société. Notre ligne éditoriale s’est peut-être un peu affinée, mais c’est la même qu’à nos débuts : nous aimons que le cinéma parle du monde d’aujourd’hui, tel qu’il est ou tel qu’il pourrait être. Mais toujours avec cette idée d’un angle et d’un point de vue affirmés, donc d’une forme singulière. Nous ne voulons pas produire des films sociaux et sociétaux naturalistes, mais des films qui s‘emparent vraiment du médium cinéma pour raconter la société, avec des partis-pris artistiques assez forts. En tant que producteur, c’est génial car c’est à chaque fois un challenge de production. Il y a beaucoup de fims, donc il ne s’agit pas de vouloir juste faire un film de plus, mais plutôt d’avoir vraiment l’impression qu’un film en devenir a quelque chose d’unique.
Quid des coproductions européennes ?
Aujourd’hui, quand on veut faire des films d’auteur ambitieux, à fortiori quand ce sont des premiers ou même des seconds longs métrages, il faut penser coproductions européennes, même si certains films peuvent se financer très bien seulement en France. À une exception près, tous nos longs métrages ont été coproduits avec l’étranger. C’est aussi une histoire de goût car nous aimons les films qui racontent le monde, ce qui ouvre naturellement aux coproductions internationales : qu’ils soient français ou étrangers vivant en France (comme Mareike Engelhardt), les cinéastes que nous produisons abordent des sujets qui intéressent les autres pays. Enfin, coproduire, c’est également un vrai levier car pour un premier long français d’auteur, il est difficile de monter un budget de plus de 3 à 3,5 M€ en France, même si l’on coche toutes les cases. Si l’on veut aller au-delà, on doit forcément se tourner vers l’étranger.
Quels sont vos projets en cours ?
Les deux dernières années, nous avons beaucoup tourné, sorti et accompagné ces films. Pendant ce temps, des écritures ont bien avancés et cette année, nous sommes en financement notamment sur Disorder de Giacomo Abbruzzese (qui sera produit cette fois en majoritaire par l’Italie via Dugong Films) qui est sélectionné au Cannes Investors Circle, et sur On empêchera la fin du monde, le premier long de Rémi Allier qui avait gagné le César du court métrage et qui avait été shortlisté aux Oscar avec Les petites mains. Nous sommes d’ailleurs actuellement en casting sur ce film que nous espérons tourner en 2026. Il y a également la comédie Une de perdue, une de perdue de Mathilde Elu que nous tournerons aussi l’an prochain et À propos de Sousan de Marie Le Floc’h (nommée au César du court en 2021 avec Je serai parmi les amandiers). Et nous continuons à accompagner les auteurs des courts que nous avons produits comme Elie Girard (César du court de fiction en 2022), Ismaël Joffroy-Chandoutis (César du court métrage documentaire la même année) et Moly Kane (primé aux Ateliers de l’Atlas pour son projet de long). Le tout sans oublier les projets de deuxièmes longs de Jonathan Millet, Camila Beltrán et Mareike Engelhardt.
Qu’attendez-vous de votre participation à Cannes à l’initiative Producers on the Move ?
Quand on voit la liste des sélectionnés, c’est super car les autres Producers on the Move ont produit des films que j’aime énormément et dont certains ont véritablement marqué ces dernières années. Ce sera fantastique de pouvoir échanger avec eux. Évidemment, il y a aussi des intérêts à court terme car ils ont des projets très attirants pour lesquels il y a peut-être de la place pour des financements en France. J’ai aussi l’impression qu’avec ce type de dispositif, on crée vraiment de la camaraderie et des alliances sur le moyen et le long terme. Et c’est très précieux, ces endroits où l’on crée de la confiance et de la bienveillance entre les gens car on sait qu’ensuite, si l’on pense à tel projet qui a trait à tel ou tel pays, à tel ou tel thème, ce sera vraiment plus facile d’appeler ces gens qui ont été avec toi, pour coproduire ou pour des conseils.
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