email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

SUNNY SIDE OF THE DOC 2025

Song Pham, Martin Laurent • Producteurs, Temps noir

"Interroger la marche du monde en cherchant la dimension politique"

par 

- Sélectionnée au pitch du Sunny Side of the Doc avec Greenland, l’Eldorado des glaces, la société de production parisienne foisonne de projets

Song Pham, Martin Laurent • Producteurs, Temps noir

Fondée en 2002, la société française Temps noir a produit plus d’une centaine de documentaires dont Kubrick par Kubrick [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
de Gregory Monro (Emmy Award en 2021), Gérard Philippe, Le dernier hiver du Cid de Patrick Jeudy (Cannes Classics 2022) ou encore Chaplin et "Les Temps modernes" - La Voie du silence de Gregory Monro qui sera projeté demain au Festival Cinema Ritrovato de Bologne. Elle a pitché aujourd’hui au programme Current Affairs & Investigation du 36e Sunny Side of the Doc le projet Greenland, l’Eldorado des glaces (Greenland, The Icy Eldorado) de Jean-Yves Cauchard et Vivien Meltz. Rencontre à La Rochelle avec la productrice Song Pham qui pilote le projet et avec Martin Laurent, producteur associé et co-fondateur de la société qui compte huit producteurs au total (s’ajoutent Nadège Hasson, Serge Gordey, Tancrède Ramonet, Alice Mansion, Jérémy Zelnik et Kevin Michel). 

Cineuropa : De quoi parle Greenland, l’Eldorado des glaces de Jean-Yves Cauchard et Vivien Meltz ?
Song Pham : Les récentes déclarations de Donald Trump sur le Groenland ont soulevé des questions sur l’intérêt, qui n’est pas nouveau, pour ce territoire. Le film expliquera d’abord les enjeux géopolitiques autour de cette île qui est la plus grande du monde : des enjeux géostratégiques avec une présence militaire américaine, des enjeux de ressources minières, et d’autres pour le transport car avec la fonte des glaces s’ouvrent de nouvelles voies de navigation qui permettraient aux États-Unis de gagner beaucoup de temps. Au-delà de ces enjeux, le point de vue du documentaire sera essentiellement groenlandais car la question de l’indépendance du Groenland vis-à-vis du Danemark est de plus en plus vive : il y a un choix à faire pour les 57 000 habitants.

Le tournage vient de débuter avec comme objectif de recueillir la parole d’un large spectre de la société groenlandaise (politiques, acteurs de l’industrie minière, défenseurs de l’environnement, etc.) en mêlant entretiens et séquences de vie afin de faire vraiment ressentir le territoire. Le tournage ira aussi au Danemark, aux États-Unis, auprès de la Commission européenne, pour avoir les points de vue des grandes puissances. L’objectif est une livraison début 2026 et Arte GEIE s’est engagé en coproduction. À La Rochelle, nous espérons compléter le financement car les films géopolitiques coûtent très cher à cause de leur dimension internationale, donc tous les préachats sont les bienvenus.

Quelle est la ligne éditoriale de Temps noir ?
Martin Laurent
 : Le fait d’être huit producteurs nous permet d’avoir un champ d’intervention assez large, de l’Histoire à la Culture, en passant par la Société, etc. Mais nos films ont en commun d’interroger la marche du monde (comment il fonctionne, comment il évolue, comment il change, vers où il va) en cherchant la dimension politique, en grattant sous la surface, car les événements ne se produisent pas par hasard. De ce point de vue, la géopolitique est particulièrement intéressante car elle est à la croisée de ces différents questionnements. Cela s’inscrit aussi dans une fidélité avec certains partenaires comme Arte GEIE avec qui nous travaillons aussi en ce moment sur Tunisie, le mystère Saïed de Vanina Kanban, un film bilan de la révolution tunisienne qui est également soutenu par la RTS.

Quels sont vos autres projets en cours ?
Nous en avons une vingtaine en production ou en convention de développement avec les chaînes. Il faut d’abord savoir que les coproductions internationales sont très importantes à nos yeux avec des films toujours un peu différents de ceux que nous produisons avec le seul écosystème français, des projets souvent très ambitieux économiquement. Parmi eux, on peut mentionner I Hear Your Voice de Roy Cohen (coproduit avec la Hongrie, l’Italie et la Suisse, dans lequel le réalisateur, de retour en Israël, s’interroge sur les conditions dans lesquelles il peut continuer à vivre dans son pays), À la tribune de Rachel Leah Jones et Philippe Bellaiche (coproduit par Home Made Docs pour lsraël, par la Suisse et par le Canada) sur la place des députés arabes à la Knesset, et un projet sur l’Afghanistan, coproduit avec la Belgique et dont nous ne pouvons pas dévoiler les détails (que nous avons néanmoins déjà pitché à l’IDFA et qui est sélectionné à Sheffield cette semaine parmi les projets).

Nous explorons aussi le champ du documentaire cinématographique avec trois films qui ont obtenu l’avance sur recettes du CNC : en pré-production Nos défaites ne prouvent rien de Tancrède Ramonet et en production, distribués par Jour2Fête, Ceux qui tiennent la laisse de Gilles Balbastre et Le bonheur est dans la lutte d’Olivier Besancenot (sur le parcours d’un militant chilien disparu dans les événements de 1973 et sur sa famille – en coproduction avec la Belgique et le Chili). Trois films politiques qui ne laisseront pas indifférents. Il faut d’ailleurs noter que les routes du financement en audiovisuel sont assez clairement identifiées alors qu’en cinéma, on est un peu plus dans une dimension de prototype avec des temps de gestation plus longs.

Au cœur de notre ligne éditoriale, il y a aussi évidemment les projets que nous faisons pour la télévision française. On peut notamment citer deux productions pour France Télévisions, en coproduction avec l’INA : Renaud, Histoire Intime de Tancrède Ramonet et le 3 x 52’ Yvan Colonna, Vies et Mort d’Agnès Pizzini et Ariane Chemin. Et pour Arte, le 2 x 52’ historique Ceux de Charlemagne de Jean Bulot sur la collaboration militaire française avec les nazis.

Mais il y a aussi entre autres La Mauvaise Réputation d’Édouard Mills Affif (pour Arte France, en coproduction avec Cinéphage) sur un quartier de Marseille rasé en 1942 par les Allemands, Contacts d’Alicia Harrison (aussi pour Arte France, en coproduction avec June Films), Rodin et Michel-Ange de Jérôme Prieur (pour Arte France et avec le Louvre) et MMA au-delà-des coups de Simon Maisonobe et Selim Derkaoui (pour France TV Slash), le tout sans oublier des productions de documentaires de société avec les régions.

La diversité est essentielle pour nous, dans les sujets, mais aussi dans les collaborations puisque nous travaillons aussi bien avec des réalisateurs expérimentés qu’avec des primo-réalisateurs afin de chercher et d’accompagne les écritures de demain.

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy