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VENISE 2025 Compétition

László Nemes • Réalisateur d'Orphan

“Cette histoire hante la vie de ma famille depuis le moment où elle est arrivée”

par 

- VENISE 2025 : Le cinéaste hongrois a trouvé l'intrigue et le héros de son nouveau film dans sa propre famille, mais il a aussi puisé dans ses souvenirs des années 1980

László Nemes •  Réalisateur d'Orphan
(© 2025 Fabrizio de Gennaro pour Cineuropa - fadege.it, @fadege.it)

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fiche film
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, projeté en compétition à la Mostra de Venise, est le troisième long-métrage du Hongrois László Nemes, qui remonte ici jusqu'au milieu des années 1950 dans son pays. Le cinéaste oscarisé a trouvé l'intrigue principale et le héros de son nouveau film dans sa propre famille (il s'est, plus spécifiquement, inpiré de son père), mais il a aussi puisé dans sa propre expérience des années 1980.

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Cineuropa : Il convient de préciser que votre père n’est autre qu'András Jeles, lui-même cinéaste de renom.
László Nemes :
Tout à fait. Et il était ici, à Venise, en 1979, quand j’avais deux ans, avec son film Little Valentino. À ce moment-là, comme l'époque était bousculée politiquement, le festival ne donnait pas de prix, ce qui l'a pas mal déçu. Surtout qu'un an après seulement, en 1980, ils se sont remis à en décerner…

Andor, le jeune héros d'Orphan, a douze ans. Sa mère lui a toujours dit que son père avait été envoyé dans un camp et qu’il est présumé mort, mais la vérité sur le père biologique d’Andor va s’avérer être assez différente. L’histoire de votre père est le point de départ de celle d'Andor, n’est-ce pas ?
Cette histoire a hanté la vie de ma famille depuis les faits. Sa genèse en particulier me préoccupe et m’affecte. Je suis au courant de cette histoire depuis mon enfance, c'est ma grand-mère qui me l’a racontée. Mon père a soudain appris que son nom et ses origines n’étaient pas ce qu’il pensait, et ce à l’âge de douze ans. C'est extrêmement traumatisant. J’ai utilisé son histoire comme matériel de base et puis je l’ai adaptée, en réunissant mes projections personnelles sur mon père et mes propres idées sur la manière d’aborder le sujet. Je me sens la responsabilité, y compris vis-à-vis de mon public, de transmettre ces informations correctement. C’est facile de faire des images, mais je tiens aussi à être honnête. C’est ce que je tâche de faire, tout en laissant de la place aux interprétations personnelles. Quand je remarque que cette interaction avec le spectateur a bien lieu, c'est pour moi une expérience presque spirituelle.

Quel genre de garçon étiez-vous, à cet âge ?
J’étais sensible, mais sans la rage qu’a Andor dans ce film. J’étais plus silencieux. J’avais un monde à moi, un monde très intéressant, et on me laissait tranquille. C'est avec ma grand-mère que j'avais les relations les plus affectueuses. Son amour m’a sauvé, d'une certaine manière – mes parents ont divorcé très tôt et tous deux ont été très marqués par la Seconde Guerre mondiale. C'était bien sûr aussi le cas de ma grand-mère, mais j’ai reçu beaucoup d’amour venant d’elle, et des informations.

Quand le mur de Berlin est tombé, en 1989, il se trouve que vous aviez douze ans vous-même. Quels sont vos souvenirs de cette époque ?
J’ai grandi dans les années 1980 dans une société très répressive. J’ai chanté des marches militaires pendant des heures devant des officiers est-allemands. Pas marrant du tout. J'ai mis dans le film l'énergie de ce sentiment que j'ai gardé de ces années.

Pouvez-vous nous parler de l’allure très particulière du film ? Il a presque un éclat magique, par moments.
J’ai essayé de créer une allure magique, qui est celle du regard et de la perspective d’un enfant, mais j'ai aussi voulu montrer le côté répressif de la Hongrie en 1957. Les deux sont combinés, aussi sincèrement et émotionnellement que possible, afin de donner une voix à la population civile qui a vécu à cette époque, l'un après l'autre, une succession d'événements très pénibles et traumatisants (dont certains n'ont pas été racontés).

Jeune, étiez-vous au courant qu'il existait, au même moment, un activisme pro-communiste très fervent et idéaliste en Europe de l’Ouest, particulièrement parmi les jeunes générations ?
Oui, et ça continue. Mon père disait toujours : "Attends de le vivre. Tu verras, quand c'est à toi qu'ils vont s'en prendre". Parce que laissez-moi vous dire une chose : les humains sont très forts pour ce qui est de réorganiser leurs régimes totalitaires. Ils prennent toujours une forme nouvelle, toujours avec l’espoir comme source d’énergie où puiser, mais au bout du compte, tout ce qu'on devient, c'est un idiot utile qui sert leur petit jeu.

Quelles sont vos projets pour le futur ?
Dès septembre, je vais commencer à travailler sur un projet français appelé Moulin, dédié aux derniers jours du résistant Jean Moulin. C’est très intense. On le tournera en CinemaScope, avec lentille anamorphique.

Vous donnez l'impression d'éviter les contextes contemporains. Qu'est-ce à dire ?
Filmer les gens sur iPhone pour faire des courts-métrages n’est pas vraiment mon truc.

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(Traduit de l'anglais)

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