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VENISE 2025 Orizzonti

Laura Samani • Réalisatrice de Un anno di scuola

“Les hommes et les femmes ne parlent pas la même langue”

par 

- VENISE 2025 : La réalisatrice italienne nous parle de son nouveau film, dont l'héroïne est une adolescente suédoise de dix-huit ans qui se retrouve à être la seule fille dans une classe de garçons

Laura Samani • Réalisatrice de Un anno di scuola
(© Aleksander Kalka/La Biennale di Venezia - Foto ASAC)

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de Laura Samani, en lice dans la section Orizzonti de la 82e Mostra de Venise, raconte l’histoire d’une Suédoise de dix-huit ans, Fred (Stella Wendick), qui arrive à Trieste en 2007 pour effectuer sa dernière année de lycée dans un établissement technique, et se retrouve la seule fille dans une classe composée uniquement de garçons. Son arrivée bouleverse en particulier un trio de camarades, et met leur amitié à rude épreuve. Le premier long-métrage de Samani, Piccolo corpo [+lire aussi :
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, dévoilé à la Semaine de la Critique du Festival de Cannes en 2021, a remporté plus de 40 prix dans le monde entier. Cineuropa a rencontré la réalisatrice à l’occasion d’une table ronde avec la presse italienne organisée sur le Lido.

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Dans ses notes d’intention, Laura Samani évoque la dimension autobiographique du film. “Plus qu’autobiographique, la dynamique de ce récit est méta-narrative, souligne Samani, parce que le film est très librement adapté du roman éponyme de Gianni Stuparich, qui se déroule au lycée Dante de Trieste, que j’ai fréquenté. C’est précisément sur ces bancs que j’ai lu le livre, quand j’avais l’âge des personnages. J’ai eu l’occasion de le relire pendant le premier confinement, parce que j’étais chez mes parents et que c'est là que sont mes livres de l'époque du lycée. Je me suis dit : 'Nous n’avons même pas fini de tourner Piccolo corpo que je sais déjà que je veux faire un autre film !'.”

Piccolo corpo et Un anno di scuola sont deux films très différents, mais un fil les relie : celui de l’affirmation d’une jeune femme, qui trouve sa place dans une société compliquée. Samani estime être “encore complètement dans le travail sur le film, de sorte que je ne me suis pas encore posé beaucoup de questions à ce sujet. Après Piccolo corpo – un film très important pour moi, mais dont la fabrication a été très douloureuse –, j’avais besoin de légèreté. La meilleure façon d'en trouver a été de travailler avec des adolescents, des jeunes gens et une jeune fille, de nous amuser ensemble, et probablement de nous interroger sur des choses qui n’avaient pas encore trouvé de réponse sur Piccolo corpo. Le film contient assurément une part de solitude, et un questionnement identitaire”.

Samani est parvenue à créer une atmosphère de grande complicité et de spontanité entre les jeunes acteurs du film. “J’aime travailler avec des personnes que j’aime. Ça paraît tautologique, mais très souvent, on choisit de travailler avec quelqu’un pour ses compétences. Ce qui m’importe avant tout, pour ma part, c’est d'avoir des affinités avec les gens. Avec Davide Zurlo, mon directeur de casting, et son assistant Alejandro Bonn, qui est ensuite devenu le coach des garçons, nous avons fait en sorte qu’ils deviennent, en dehors du plateau, une véritable équipe. Ils sont réellement amis dans la vie et se soutiennent entre eux, parce que c’est leur premier film. Nous avons d’abord travaillé avec le trio des garçons, en nous rapprochant graduellement des conditions de tournage et en nous interrogeant sur les sujets traités par le film. La lecture du scénario est venue ensuite. Stella a été intégrée après, quand le trio était déjà assez soudé, ce qui a aussi servi à créer une mémoire collective qu'on pouvait ensuite apporter sur le plateau”.

Ces choix se démarquent du livre dont le film est tiré, ainsi que de la minisérie réalisée en 1977 par Franco Giraldi, à commencer par le fait que l'action se passe en 2008 et que l'héroïne est suédoise, qui crée une barrière linguistique. “Le film se passe en 2007 parce que c’est l’année où j’ai obtenu mon bac, donc la période où j'avais 19 ans. Ensuite, avec ma coscénariste Elisa Dondi, nous nous sommes rendu compte que c’était aussi la dernière année avant l’arrivée des réseaux sociaux en Italie, l’entrée de la Slovénie dans Schengen, une époque où nous avions le rêve lumineux d’une Europe peut-être un peu différente de celle d’aujourd’hui. Dans le roman de Stuparich, l’héroïne, Edda, est surnommée 'la Viennoise', mais sa seule différence, c'est qu'elle est une fille. C’est une jeune femme qui veut étudier. Dans notre film, nous avons choisi une jeune Suédoise d’abord parce que ça génère une fascination exotique, de dire à un groupe de garçons : 'et voilà la Suédoise'. Pour ce qui est de la langue, je dirais que les hommes et les femmes ne parlent pas la même langue, de sorte que mettre en scène cette barrière semblait évident, presque banal. Et puis, dans le film, la langue est utilisée comme une enceinte impénétrable, une arme qui permet d'avoir du pouvoir sur l’autre”.

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(Traduit de l'italien)

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