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NAMUR 2025

Vanja d’Alcantara • Réalisatrice de Cap Farewell

"Je me sens presque la responsabilité de faire un cinéma optimiste"

par 

- La cinéaste belge nous parle de son troisième long métrage, un drame familial autour de la trajectoire d’émancipation d’une jeune femme qui a tout à reconstruire

Vanja d’Alcantara • Réalisatrice de Cap Farewell
(© Fabrice Mertens/FIFF)

Révélée avec Beyond The Steppes, qui racontait le voyage forcé dans les steppes d’Asie Centrale, la cinéaste belge Vanja d’Alcantara s’est rendue au Japon quelques ans plus tard, avec Le Coeur Régulier [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
. Elle revient aujourd’hui avec Cap Farewell [+lire aussi :
critique
interview : Vanja d’Alcantara
fiche film
]
, un troisième long métrage non plus placé sur le signe du départ, mais sous celui du retour. Elle nous en parle, à l’occasion de sa présentation au Festival International du Film Francophone de Namur.

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Cineuropa : Quelles sont les origines du projet ?
Vanja d’Alcantara : Au départ, il y a un documentaire que j'ai tourné en 2001, qui s'appelait La Troisième Vie, le portrait d'une détenue dans une prison près de Madrid. Je suis partie avec une caméra, j’ai pu l’interviewer, la rencontrer et observer un peu sa vie en prison. L’idée était de la retrouver quelques mois après sa sortie, mais on a découvert des mois plus tard qu’elle avait été retrouvée morte sous un pont, dans des conditions qui n’ont jamais vraiment été élucidées, même s’il semblait qu’il y avait un homme dans l’histoire, qu'elle était retombée dans la drogue. Pour moi, c'est comme s'il y avait une histoire qui n'avait pas pu être racontée.

C'est une vie brisée et l'impossibilité de recommencer à zéro. Est-ce que Cap Farewell était un peu une façon de réparer par la fiction cet espoir brisé ?
En ce moment, en tant que cinéaste, je me sens presque la responsabilité de faire un cinéma optimiste, de voir aussi ce qu'il y a de aussi de bon dans l'être humain, de montrer une forme de force, d’espoir. Toni, mon héroïne représente une autre histoire qui s’écrit pour cette femme. Je savais qu’elle avait une petite fille, élevée par sa grand-mère, et qu’elle avait beaucoup d’appréhension à l’idée de les retrouver, c’était un grand enjeu pour elle à l’orée de sa sortie. Je suis partie de cette idée, même si le contexte a changé, et que la fiction a repris ses droits.

La question qui taraude Toni, c’est : vais-je retrouver ma place dans ce trio? Sachant que sa propre mère est dès le départ très méfiante, peut-être même n’a-t-elle pas tellement envie qu'elle revienne, peut-être que dans cette relation avec sa petite-fille, elle répare aussi quelque chose de sa propre histoire avec sa fille. Comment faire pour retrouver sa place, faire de ce duo qui a su faire face à l’adversité un trio ? Tout cela est encore compliqué par le retour pas forcément désiré de son amour de jeunesse, le père de sa fille, qui est encore impliqué dans des mauvais plans, même plus qu'avant. Toni va devoir s'affranchir de ce monde-là pour retrouver sa place en tant que femme et mère responsable.

Quest-ce qui a inspiré votre écriture, nourri votre envie de cinéma de genre ?
Il y a un film qui m'a énormément marquée dans ma jeunesse, c’est The Yards de James Gray, là aussi l’histoire d’une réinsertion sur le fil, où chaque acte que le personnage pose peut être dangereux. J'aime la tension que peut amener le genre, des films qui ont une couleur de film noir, mais qui cachent un vrai drame familial au cœur. James Gray dit d’ailleurs que le film de genre permet de raconter une histoire très personnelle, mais dans un cadre qui l'élargit pour toucher le public. C’est ce que j'ai essayé de faire dans ce film, sachant que mes films précédents étaient plutôt contemplatifs. J’avais envie d’un personnage marqué, de grosses tensions, et d’action !

Quest-ce qui caractérise Toni ? Elle est entrée très jeune en prison, et quand elle sort, si le monde et les gens autour delle ont changé, elle na pas tellement bougé…
Exactement. L’une des choses qui m’a attirée chez Noée Abita, c’est qu’elle a justement ce côté femme-enfant, cette énergie adolescente en elle. Elle a encore un côté très jeune fille, une voix un peu aiguë et j'aimais bien cette ambiguïté. Il apparaît clairement que son objectif premier, c’est de renouer le lien avec sa fille, retrouver sa place de mère, mais dans le même temps, elle a un côté irresponsable, encore envie de faire la fête, envie de retrouver son amour. Elle se prend assez vite une grosse claque, à partir de laquelle elle va peu à peu prendre conscience de ses responsabilités, et des actes qu’elle doit poser pour arriver à ses fins.

Toni sinscrit aussi dans une généalogie de femmes.
Il fallait que toutes les trois puissent exister, qu’elles aient chacune leurs affects, leur enjeux propres. Betty, la grand-mère donc, nous a beaucoup questionné à l’écriture, il y avait un équilibre délicat à trouver. Il était important pour moi de montrer que la maternité n’est pas qu’un long fleuve tranquille, qu’il y a des méandres, des chutes, des accidents. Je voulais m’éloigner, avec mes co-scénaristes, d’une image aseptisée et un peu lisse de la mère, je lui voulais des aspérités, une part d’ombre aussi.

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