NOUVEAU CINÉMA MONTRÉAL 2025 Nouveau Marché
Johanna Hébert • Directrice industrie, Festival du Nouveau Cinéma de Montréal
“Le Nouveau Marché est un pont entre nos talents émergents et l’international”
par Cineuropa
- La directrice du volet industrie du festival canadien expose la vision et l’évolution du pôle professionnel, désormais incontournable

À l’occasion de la cinquième édition du Nouveau Marché organisé dans le cadre du Festival du Nouveau Cinéma (FNC), Johanna Hébert, directrice du volet industrie, expose la vision et l’évolution de ce pôle professionnel, désormais incontournable à Montréal.
Cineuropa : Qu’est-ce qui distingue le Nouveau Marché des autres festivals ?
Johanna Hébert : Le volet industrie du FNC regroupe toutes nos activités destinées aux professionnels. Cela comprend aussi bien la compétition étudiante du campus, qui représente la relève de notre cinéma, que le forum qui propose des panels, ateliers et cocktails de réseautage tout au long du festival. Le Nouveau Marché, lui, est un marché de coproduction sur quatre jours avec des projets internationaux, mais aussi une curation de premiers longs métrages canadiens en développement. Nous sélectionnons soigneusement les participants et prenons en charge leur venue afin de créer un véritable écosystème de rencontres.
Comment se fait la sélection des projets ?
Pour les pitchs internationaux, il n’y a pas d’appel à projets. Tout est basé sur la curation de Hayet Benkara, la responsable du Nouveau Marché, et Karim Aitouna, notre consultant à la sélection des projets. Ils repèrent des candidats dans les festivals du monde entier. Pour les premiers longs métrages canadiens, un appel à candidatures est lancé en juin. Pour cette section, nous privilégions parfois des projets déjà solides, mais la porte reste ouverte aux cinéastes prometteurs, même sans producteur.
Comment décririez-vous le besoin d’un marché de ce type au Canada ?
Nous avions besoin d’une porte d’entrée qui fonctionne dans les deux sens. Pour les internationaux, c’est un accès vers l’Amérique du Nord et pour les Canadiens, vers l’international. Montréal est un carrefour de cultures très fréquenté par les Européens, mais aussi par les Américains. C’était l’endroit idéal, d’autant plus que le FNC, avec sa forte identité et une solide réputation construite au fil des années, avait naturellement vocation à se doter d’un volet industrie.
Vous privilégiez une approche internationale, sans focus sur la francophonie. Avez-vous néanmoins une direction particulière ?
Nous mettons l’accent sur des zones sous-représentées, surtout en Amérique du Nord. Cette année, par exemple, nous accueillons des projets du Kirghizistan et du Kosovo. Ce sont des opportunités de créer des ponts entre continents et de stimuler des coproductions inattendues.
Depuis sa création, le marché a déjà permis la concrétisation de projets ?
Oui, plusieurs. Demba [+lire aussi :
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fiche film] de Mamadou Dia, un projet sénégalo-européen lauréat en 2022, a été tourné grâce au prix du marché et a fait sa première à Berlin. La Source [+lire aussi :
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interview : Meryam Joobeur
fiche film] de Meryam Joobeur (sélectionné en compétition à la Berlinale) ou Vampire Humaniste Cherche Suicidaire Consentant d’Ariane Louis-Seize (prix GdA Director’s aux Giornate degli Autori de Venise) ont également émergé ici avant de connaître une belle carrière internationale.
Quel type d’invités privilégiez-vous ?
Nous sommes à l’écoute de l’industrie locale. Nous travaillons main dans la main avec les producteurs québécois et canadiens pour adapter nos formats à leurs besoins. Nous ne cherchons pas à rivaliser avec les grands marchés canadiens comme Toronto, mais à proposer un espace à taille humaine, de qualité. Nous nous limitons chaque année à une centaine d’invités pour favoriser des échanges plus fréquents et durables et nous n’invitons que des profils qui ont une utilité immédiate pour notre sélection.
Un mot sur le volet musical ?
Nous collaborons avec le Festival Musique et Cinéma de Marseille pour le dispositif Troisième Personnage. Trois projets canadiens sont jumelés à des compositeurs sélectionnés. Ces rencontres débouchent déjà sur de vraies collaborations, preuve que l’échange artistique est au cœur de notre démarche. Le festival à Marseille nous envoie des talents et nous faisons la même chose pour que la collaboration se poursuive sur les deux territoires.
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