Montse Pujol-Solà • Productrice de Le dilemme des anguilles
"J’aime beaucoup la capacité d’Elena Molina à parler de notre rude réalité d’une manière lumineuse"
par Fabien Lemercier
- Rencontre avec la productrice de Guspira Films, qui évoque le projet de la réalisatrice espagnole qu’elle présente au festival de Montpellier

Fondatrice et pilote depuis 2023 de Guspira Films après avoir exercé chez Boogaloo Films, l’Espagnole Montse Pujol-Solà compte notamment à son actif récent Río abajo, un tigre [+lire aussi :
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Cineuropa : Vous aviez déjà travaillé avec Elena Molina sur le documentaire Remember My Name (prix du public à Malaga en 2023). Qu’est-ce qui vous a motivé à vous lancer comme productrice de son premier long de fiction, Le dilemme des anguilles ?
Montse Pujol-Solà : J’aime beaucoup la capacité d’Elena Molina à parler de notre rude réalité d’une manière lumineuse. Elle a énormément d’empathie dans son travail des personnages, donc elle peut restituer les moments les plus durs, mais également les plus solaires, ceci sans jamais tomber dans l’apitoiement et en traitant les personnages comme des égaux. Je trouve que c’est assez unique et c’est ce qui me séduit le plus chez elle. C’était déjà présent dans son documentaire Remember My Name et cela l’est tout autant dans Le dilemme des anguilles.
De quoi parle Le dilemme des anguilles ?
L’histoire est centrée sur Dolors, une jeune femme ayant grandi en foyer d'accueil. A 18 ans, elle a emménagé dans un appartement de transition afin d’aller vers l’autonomie. Elle peut y vivre jusqu’à ses 20 ans et le récit commence juste avant cette date. Le temps presse : elle doit trouver un nouvel endroit pour vivre et elle veut passer son permis de conduire afin d’accomplir son désir de rendre visite à sa mère. Mais ces deux objectifs se révèlent difficiles : elle échoue au permis de conduire et ne trouve pas où habiter. Donc tous ses plans commencent à s’effondrer et au fur et à mesure du film et des complications, elle ressentira le besoin de se rapprocher d’un nouveau groupe d’amis qui lui transmettent des idées sur la méritocratie et l’effort individuel. Mais elle devra choisir entre ces nouveaux amis ou se battre pour la famille qu’elle s’est créée dans l’appartement avec ses colocataires.
Le cast sera-t-il composé de professionnels ? De non-professionnels ?
Les deux. Les premiers rôles, ceux de la protagoniste Dolors et de ses deux colocataires (Ghizlane et Flor) seront confiés à des non-professionnelles. Nous allons lancer un casting sauvage et probablement faire appel à des filles ayant vécu dans des foyers pour mineures. Mais pour les autres rôles, nous pensons travailler avec des professionnel(le)s, notamment avec une actrice célèbre en Espagne qui a déjà donné son accord, mais dont je préfère encore tenir l’identité secrète. Avec l’ensemble du cast, nous voulons mettre en place un processus de répétition collaboratif afin de réajuster le scénario, en particulier pour les dialogues afin de leur donner le maximum d’authenticité.
À quel stade en est le projet ?
Nous avons une première version du scénario et Elena travaille maintenant sur la V2. Nous avons reçu un soutien au développement régional en Catalogne. Notre objectif est de lancer le financement de la production au printemps prochain. Si tout se passe bien, nous espérons tourner à Barcelone en 2027 et livrer le film l’année suivante
Quelle est la ligne éditoriale de Guspira Films ?
La société est très jeune et plus axée sur la fiction que sur les documentaires. Les coproductions et les processus collaboratifs sont aussi des objectifs car je pense que c’est ainsi qu’on doit évoluer dans le cinéma : ce n’est pas un art individuel, mais un travail d’équipe. Par ailleurs, je cherche des histoires racontées d’un point de vue féminin ou issues de collectifs LGTBQ, mais également des récits dont l’aspect visuel est important : des histoires, mais aussi des images.
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