07/11/2025 - Cinéma européen de qualité, conquête du jeune public, pitching des projets : la directrice du festival décrypte la 26e édition

Directrice du Arras Film Festival qu'elle a fondé avec le délégué général Éric Miot, Nadia Paschetto évoque la 26e édition qui démarre aujourd'hui (lire la news).

Cineuropa : Quelle est la ligne éditoriale de votre compétition européenne (article) ?
Nadia Paschetto : Nous choisissons des films qui racontent des histoires inscrites soit dans notre grande Histoire, soit dans la société très contemporaine, et qui parlent des relations dans les familles et dans les couples. Très souvent, ce sont d’ailleurs des femmes qui sont au centre des films. Nous sommes très attentifs à la qualité de la trame narrative et de la dramaturgie, mais aussi de l'interprétation qui compte beaucoup pour nous. Ces films doivent nous porter, nous interroger, nous interpeller, et il faut qu'on ait envie de les partager.

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Le public y semble sensible puisqu’avec 50 000 entrées, le Arras Film Festival est un événement très populaire.
Quand nous regardons un film en comité de sélection, nous pensons toujours au public. Comment va-t-il réagir ? Est-il prêt à recevoir telle ou telle histoire ? Nous avons beaucoup de spectateurs, un public exigeant, qui aime le cinéma et qui suit toute la compétition avec un vrai sens de la diversité et le souhait de découvrir des histoires dépassant les frontières françaises. Nous leur proposons un regard sur ce qui se passe en Europe aujourd'hui. Nous sommes également en train de conquérir un public plus jeune, les 20-30 ans et même un peu moins, grâce à une stratégie de communication mise en place depuis deux-trois ans, avec beaucoup d’activité sur les réseaux sociaux, sur TikTok, avec des formats différents, de petites vidéos, etc. Le post-Covid nous a beaucoup interpellé : pour conquérir ce nouveau public, c'est maintenant ou jamais ! Car il faut penser au public de demain et il faut le former. Cela passe par des films présentés au festival comme N121 - Bus de nuit de Morade Aïssaoui ou Ma frère [+lire aussi :
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interview : Lise Akoka et Romane Guere…
fiche film] de Lise Akoka et Romane Guéret qui suscitent un vrai engouement, par une tarification attractive pour les moins de 25 ans (un Pass Jeunes à 20 euros pour 4 films), mais aussi par le travail de fond que nous menons toute l'année sur la formation des publics, du milieu scolaire jusqu’à l’université,

Quel est votre point de vue sur l'état de forme du cinéma européen ?
Il y a des complications pour produire, notamment dans certains pays quand on n'est pas dans la mouvance du pouvoir. Même si c’était déjà une tendance, l’une des conséquences de ces difficultés, c’est que la plupart des films sont des coproductions entre plusieurs pays. Mais il y malgré tout partout des voix qui portent un cinéma différent, de qualité et qui a des choses à dire. Et quand on a aimé un film d’une ou d’une cinéaste, nous avons hâte de découvrir le suivant. Donc, nous pistons les auteurs, et cette année, notre compétition voit revenir la Macédonienne Teona Strugar Mitevska, le Bulgare Stephan Komandarev et le Polonais Piotr Domalewski. L’Italien Ivano de Matteo, nous le suivons depuis des années et nous avions déjà présenté l’un de ses films dans la section Découvertes Européennes. C’est une sorte de famille de cinéma qui s'agrandit, mais qui n'est pas fermée, avec de petits nouveaux qui la rejoignent chaque année comme la Lituanienne Gabrielė Urbonaitė, la Suisse Marie-Elsa Sgualdo, l’Irlandais Eamonn Murphy et le Belge Jean-Benoît Ugeux avec leurs premiers longs.

Ce fil conducteur passe souvent par les pitchings des projets des Arras Days, le volet professionnel de votre festival où Teresa [+lire aussi :
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interview : Teona Strugar Mitevska
fiche film] de Teona Strugar Mitevska (qui a ouvert Orizzonti cette année à Venise) était passé par exemple.
Et Teona va de nouveau y pitcher son prochain projet cette année, tout comme entre autres Stephan Komandarev, Piotr Domalewski, Eamonn Murphy, la Slovène Urška Djukić (très remarquée à Berlin avec Little Trouble Girls [+lire aussi :
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interview : Urška Djukić
fiche film]), etc. Nous sommes très heureux quand les projets pitchés aux Arras Days émergent ensuite sur la scène internationale. Cela signifie que nous avons eu le nez creux et dans les dernières années, cela a aussi été le cas notamment avec Il Boemo [+lire aussi :
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interview : Petr Vaclav
fiche film] de Petr Václav (en compétition à San Sebastián en 2022), Panopticon [+lire aussi :
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interview : George Sikharulidze
fiche film] de George Sikharulidze (en compétition à Karlovy Vary en 2024), Hesitation Wound [+lire aussi :
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interview : Selman Nacar
fiche film] de Selman Nacar (Venise Orizzonti 2023), Trois kilomètres jusqu'à la fin du monde [+lire aussi :
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interview : Emanuel Pârvu
fiche film] d’Emanuel Pârvu (en compétition à Cannes en 2024) et Made in EU [+lire aussi :
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interview : Stephan Komandarev
fiche film] de Stephan Komandarev (Venezia Spotlight 2025). Mais nous tenons aussi à mettre en avant les talents de notre région Hauts-de-France, donc pour la deuxième année, un projet ayant eu une aide à l'écriture de Pictanovo sera pitché. L’an dernier, c’était Nouveau monde de Margaux Elouagari qui a ensuite obtenu une avance sur recettes du CNC et qui s’est tourné cet été (lire l’article) et cette année, c’est au tour de Katia déménage (Kathy Moves) de Marie Vernalde.