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ARRAS 2025

Piotr Domalewski • Réalisateur de The Altar Boys

"Cela devait être des enfants, des jeunes, car ils ne relativisent pas encore ; pour eux, soit c’est mauvais, soit c’est bon"

par 

- Le cinéaste polonais raconte la genèse de son nouveau film centré sur un petit groupe d’amis enfants de choeur qui décident de rétablir la justice

Piotr Domalewski • Réalisateur de The Altar Boys
(© Florent François/Arras Film Festival)

Récemment multiprimé au Festival de Gdynia (meilleur film, scénario, montage et prix du public), The Altar Boys [+lire aussi :
critique
interview : Piotr Domalewski
fiche film
]
est le 4e long métrage du cinéaste polonais Piotr Domalewski. Cineuropa l’a rencontré au 26e Arras Film Festival où son nouvel opus était présenté en première internationale en compétition.

Cineuropa : Qu’est-ce qui vous a poussé vers ce film où la religion chrétienne est au cœur du film ?
Piotr Domalewski : L'origine de l'histoire est fondée sur mon expérience, car j'ai été enfant de chœur pendant 12 ans, jusqu’à ce que je quitté ma ville natale pour mes études. De mes six ans à mes 18 ans, je n'ai jamais manqué une seule messe dominicale. Ce n’était pas une question de foi, mais plutôt à cause de la tradition, car ce qui est très typique de l'Église polonaise, c'est ce mélange parfait entre tradition et religion : une pensée traditionnelle et un mode de vie traditionnel, comme si cela faisait partie intégrante de l’environnement. La raison pour laquelle j'ai voulu raconter cette histoire, c'est parce que, même si Je ne suis plus aussi proche de l'Église qu'à l'époque, j'ai une vision claire de la façon dont elle est corrompue par la politique. Des personnalités catholiques importantes ont fait des choses terrifiantes et elles les ont dissimulées. Or, on attend davantage d'une institution qui, à la base, discute de ce qui est moral ou pas, de ce qui est bien et mal, de ce qui est juste et injuste. J'ai grandi dans cette perspective de l'Église avec la morale comme boussole. En grandissant, j'ai vu que cette boussole indiquait une direction tout à fait différente. Et j'ai pensé que je devais en parler en tant que cinéaste.

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Quid du choix de quatre très jeunes adolescents comme protagonistes ?
Si cela avait été un adulte, il y aurait eu un parfum moralisateur.  En réfléchissant à un protagoniste qui serait honnête dans son approche de la foi et de l'Église, dont la vie serait dans la droite ligne de la Bible, j’ai réalisé que cela devait être des enfants, des jeunes, car ils ne relativisent pas encore. Pour eux, soit c’est mauvais, soit c’est bon, ce qui est très proche de la lettre de la Bible.

Comment avez-vous équilibré le sérieux du sujet (la corruption de l'Église, la dépression de la mère d'un des garçons, les classes sociales, etc.) et une tonalité souvent drôle à l’échelle de l’âge des protagonistes qui se mettent en tête de redistribuer l’argent aux pauvres ?
Mes films préférés sont Manchester by the Sea de Kenneth Lonergan et Beginners de Mike Mills dans lesquels les protagonistes vivent des drames forts, voire des traumatismes, mais de l'humour les entoure malgré tout, s’impose presque à eux. Aller voir un film au cinéma, c'est un événement social. Vous êtes là, dans une salle obscure, avec des inconnus, et l'humour vous permet d'oublier que vous êtes là avec ces inconnus. Et si vous riez ensemble, il est alors beaucoup plus facile de ressentir un drame. Dans chaque situation et chaque événement dramatique de la vie, il y a beaucoup d'humour, si on les regarde avec le recul nécessaire. C'est ainsi que je vois le monde.

Quelles étaient vos principales intentions de mise en scène ?
L’énergie des jeunes comédiens était plus forte que tout. Nous avons dû prendre la caméra et les suivre. Ce n’était pas forcément la meilleure façon de filmer, mais c'était la seule possibilité. Avec mon directeur de la photographie, Piotr Sobocinski Jr., le meilleur chef-opérateur polonais à mon avis, nous avons fait des compromis en termes d’éclairage et de mise en scène, car nos quatre jeunes faisaient tout à leur manière. Mais après avoir tourné le film, nous nous sommes dits que nous avions bien fait, car si nous les avions forcés à être dans un plan très large, cela n'aurait pas été naturel. Et leur jeu est très naturel. Je pense que leur performance représente 50 à 70 % du film. Sans eux, il n'y aurait pas de film. Comme ce sont des non-professionnels et que tout repose sur leur énergie, c'est l'essence même du film.

Vous avez pitché aux Arrras Days votre prochain film, The Witch ? De quoi parlera-t-il ?
Il est basé sur l'histoire vraie de Barbara Zdunk, considérée comme la dernière femme à avoir été brûlée sur le bûcher en Europe. C'était en 1811. C'était quelque chose d'extrêmement terrifiant, et je trouve que c'est vraiment universel car d'une certaine manière, métaphoriquement, cela décrit notre époque, avec les accusations sur les réseaux sociaux, les chasses aux sorcières, cette recherche désespérée d’un diagnostic qui passe par trouver quelque chose à blâmer. J’espère tourner en août-septembre l’année prochaine et il y aura aussi ensuite une période de tournage hivernale.

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