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LES ARCS 2025

Vincent Munier • Réalisateur de Le Chant des forêts

"C'est cela, la réalité : on n'obtient pas tout immédiatement"

par 

- Le cinéaste raconte la genèse de son second long métrage, une immersion envoutante et un récit de transmission, à l’affut au cœur des forêts des Vosges

Vincent Munier • Réalisateur de Le Chant des forêts
(© Pidz/Les Arcs)

Révélé avec La Panthère des neiges [+lire aussi :
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(dévoilé en séance spéciale à Cannes en 2021, César et Lumière 2022 du meilleur documentaire), le photographe Vincent Munier est de retour avec Le Chant des forêts [+lire aussi :
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, qui a déjà récolté trois nominations pour les prochains prix Lumières (dans les catégories meilleur documentaire, meilleure image et meilleure musique), qui a été lancé dans les salles françaises par Haut et Court le 17 décembre et qui a été projeté dans la section Déplacer les montagnes du 17e Les Arcs Film Festival où nous avons rencontré le cinéaste.

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Cineuropa : Quel était le désir de ce film qui est à l’évidence très proche de vous, ancré dans les forêts des Vosges avec une histoire familiale en prime ?
Vincent Munier : J’avais envie de refaire du cinéma et encore plus avec mes racines : les Vosges. C'est là que j'ai tout appris, où je vis, où je continue à faire les affûts que je faisais étant gamin, où je continue à être guidé par la lumière, par les bêtes. Le défi, c’était : comment peut-on faire vibrer encore les gens avec cette nature sauvage, pas au bout du monde, mais avec ce qu'on a tout près de chez nous, ce qui est accessible, ce qui n'est pas obligatoirement exceptionnel ou emblématique ? En plus, il y avait cette filiation, cette histoire où je suis un trait d'union entre deux générations. Entre mon fils et mon père, je m'efface un peu et je saisis quelques-uns de leurs échanges au coin du feu, dans une cabane. Et après, on va vivre ensemble des affûts dehors.

L'affût, c'est un rythme d'observation, d'attente, de silence, d'écoute. Comment avez-vous œuvré pour que le spectateur entre lui-même dans ce rythme ?
Cela a été surtout un long processus de montage. Il y avait même un capital image qui était là, mais comment faire pour que ce ne soit pas une succession de belles images, un documentaire animalier ? J'avais envie de quelque chose de plus profond, plus sensible, plus poétique, de plus lent, de plus vrai. Parce que c'est cela, la réalité : on n'obtient pas tout immédiatement. C'est la règle de l'affût : rien n'est sûr mais en même temps, il y a une source infinie d'émerveillement. Grâce aux ingrédients du cinéma, le son, la nature, la musique, les images, de superbes lumières, il fallait que j'arrive à faire vibrer les gens, c'est-à-dire à trouver le bon dosage, pour amener cette dimension de rencontre divine avec les bêtes. Parce que c'est de cela qu’il s’agit : des heures, parfois des jours ou même des années avant de rencontrer une bête. Ce sont des émotions très fortes et je voulais embarquer les spectateurs dans cette intimité, dans cette tension, dans cette atmosphère. Sans oublier la dimension sonore de la nature qui est hyper puissante.

C'est un message d'amour de la nature qui sonne discrètement l’alarme environnementale.
Oui, c'était un film lumineux avant tout. Mais il est certain qu'on est confronté à des choses dures : la disparition d'espèces, une forêt qui devient un peu des champs d'arbres. Tout cela est condamné subtilement dans le film qui met beaucoup plus l’accent sur la beauté et plus sur le ressenti : on redonne la parole à la forêt. Les meilleurs discours sur le message écologique ont déjà été faits, mais on ne les les entend pas suffisamment et on ne prend pas de virage... Ce film, c'est une proposition d'un autre langage, celui des forêts, des arbres, et du ressenti, des vibrations, des énergies. Mon intention était de toucher sans obligatoirement poser des mots. Parce que cela permet de s'ouvrir, de réveiller cette espèce d'émerveillement qu'on avait, étant gamins, et qui s'est endormi, que la société a fracassé en nous formatant plus ou moins, en nous empêchant de prendre le temps, en assimilant la réussite à la performance, l’optimisation, la gestion. Et on a déclaré la guerre à la nature, on en parle de manière assez négative, sauf si cela a un intérêt pour nous. Or, contempler, rêver, c'est quand même très important. Et quand on entre dans une forêt, on pénètre dans un endroit où les énergies et les vibrations nous font du bien, comme un baume, un pansement.

La musique joue un rôle essentiel dans votre film. Comment avez-vous travaillé avec Warren Ellis, Dom La Nena et Rosemary Standley ?
La musique, c’est un ingrédient très précieux. J'adore monter avec des "musiques témoin" et en l'occurrence, c'était beaucoup de violoncelles. Quand Warren, qui est devenu un grand ami, presque un grand frère a vu le film, il voulait vraiment travailler dessus, donc il a ses violons, ses morceaux super forts. En ce qui concerne Dom La Nena et Rosemary Standley, j'avais envie de ces voix féminines et de ces violoncelles. Donc, on a un petit mix assez riche.

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