16/11/2005

Des déséquilibres quant à l'offre, avec sept films américains pour trois productions européennes; de l'autre côté, un secteur qui se développe rapidement, avec un taux de croissance qui selon les estimations atteindra 5,4% en quelques années, ce qui laisse prévoir pour 2008, un volume d'affaires de 351 milliards d'euros.

C'est sur ce tableau contrasté du marché européen de l'audiovisuel que se fonde le rapport sur le nouveau programme MEDIA 2007 présenté par Ruth Hieronymi (PPE-DE) et approuvé par une large majorité des membres du Parlement européen réuni en assemblée plenière le 25 octobre à Strasbourg. Ce vote signifie que les députés européens ont décidé de renforcer le soutien communautaire au cinéma européen en portant le budget qui lui est consacré à 1055 millions d'euros pour la période 2007-2013 —un vrai pas en avant pour contrecarrer la "sous-capitalisation chronique" de ce secteur. Cineuropa a rencontré Yvon Thiec, délégué général de Eurocinema, qui a commenté pour nous le rapport et l'avenir du programme MEDIA.

Cineuropa: Qu'est-ce qui ressort du rapport présenté par Madame la député européenne Hieronymi?
Yvon Thiec:Comme l'indique le rapport, l'allocation de 1055 millions prévue pour le programme MEDIA 2007 est bien le "minimum nécessaire pour mener à bien les objectifs du programme". Parmi ces objectifs, le texte approuvé à Strasbourg cite la promotion de la diversité culturelle qui marque notre patrimoine cinématographique, une meilleure distribution des oeuvres et surtout une compétitivité accrue de toute l'industrie audiovisuelle européenne. Le texte introduit également des nouveautés, comme l'extension du programme aux pays en cours d'adhésion (Roumanie, Bulgarie, Turquie), aux pays de l'Ouest des Balkans et à ceux auxquels s'applique la politique de la proximité. Les apports financiers, qui en principe ne pourront pas dépasser 50% du budget total des oeuvres subventionnées, seront accordés par la Commission après consultation d'un comité spécial. Les antennes MEDIA Desk continueront en parallèle d'assurer dans chaque pays la diffucion des informations concernant le programme.

Quel est le bilan des programmes MEDIA précédents?
Les résultats obtenus par les programmes MEDIA (1996-2000) et MEDIA Plus (2001-2006) vont dans le sens de nos prévisions pour l'avenir. Comme l'a souligné Madame Hieronymi, près de 90% des films européens non nationaux ont bénéficié, ces dernières années, de financements communautaires. Le programme MEDIA Plus a bien fonctionné: chaque euro investi par la communauté a généré 5,75 euros d'investissement dans l'industrie, 2,38 euros dans la formation, 7,2 euros dans la distribution et 4,19 euros dans le développement.

Quels sont les autres thèmes abordés dans le rapport?
L'autre grand thème du rapport est la fragmentation du secteur du fait des barrières linguistiques. Les conséquences principales en sont, d'une part, la mauvaise circulation des produits audiovisuels entre pays-membres et d'autre part, le nombre excessif d'entreprises trop petites pour faire face aux défis financiers qu'impose la globalisation du marché. Le rapports expose donc que dans ces conditions, c'est aux institutions d'intervenir pour atténuer cette disparité, en facilitant par exemple le recours au crédit —une possibilité quasi-inexistante dans tous les pays européens, à l'exception de la France.

Que pensez-vous du travail de la Commission européenne?
La révision du programme MEDIA 2007 représente un premier pas vers la définition d'un cadre législatif cohérent pour le cinéma européen de demain. La négotiation de la directive “Télévision sans frontières” (dont le texte révisé devrait être présenté en décembre) et la "Convention sur la protection de la diversité des contenus culturels et expressions artistiques" signée à Paris le 20 octobre dernier sont de véritables pierres de touche pour l'élaboration d'un cadre législatif qui tienne compte tant de la double nature (culturelle et économique) des produits audiovisuels que des évolutions technologiques dans le domaine du numérique et de l'internet.