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Jeremy Thomas • Producteur

"Nous entrons dans un nouvel Âge d'or pour le cinéma indépendant"

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Le 2 décembre, à l'occasion de la cérémonie des EFA (European Film Awards) qui se tiendra à Varsovie, le producteur britannique Jeremy Thomas recevra le Prix de la réussite européenne dans le cinéma du monde. Cet original du cinéma a accueilli Cineuropa au bureau londonien de sa société, Recorded Pictures Company, pour évoquer ses quarante années de métier, dont trente ont été consacrées à produire des films mémorables, comme Le dernier empereur, Merry Christmas Mr Lawrence et Crash.

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Cineuropa : Au cours de toute votre carrière, de quels accomplissements êtes-vous le plus fier ?
Jeremy Thomas: Depuis les années 1970, j'ai participé à 45 films, ce qui fait beaucoup selon les critères actuels du cinéma indépendant. Mon plus bel accomplissement, c'est de continuer à faire des films audacieux, et d'aimer le faire, dans tous les endroits du monde où naissant des récits, car ce sont les récits qui dictent les lieux où les films doivent se faire. J'ai travaillé sur une demi-douzaine de films qui ont fait l'événement, en termes de succès, comme Merry Christmas Mr Lawrence ou Le dernier empereur, mais j'ai aussi vécu des aventures à l'étranger, avec des amis, et je me suis investi physiquement, car dans le monde pré-numérique, il fallait travailler loin de chez soi et changer complètement sa vie. Prenez, par exemple, les scènes de Le dernier empereur où tout le monde est réuni dans la cour : à l'époque, il fallait faire tous les costumes, raser tout le monde, mettre en scène l'ensemble et réfléchir à tout, alors qu'on peut maintenant n'utiliser que vingt de ces figurants et les multiplier par le biais du numérique. C'est une expérience d'une toute autre nature.

Est-il plus facile de produire maintenant qu'avant ?
Au niveau de la manufacture des films (interprétation, histoire, photographie, décor, costumes, etc...), les choses restent les mêmes. Ce qui est bon est bon, quelle que soit l'époque. Ce qui a changé, c'est la technologie. Je crois que nous entrons dans un nouvel Âge d'or pour le cinéma indépendant. Le technologie numérique est en train de révolutionner la manière dont les films atteignent le public et j'espère que cela nous aidera à travailler plus efficacement.

C'est-à-dire…?
Quand on fait un film selon le modèle s'appliquant en Europe au cinéma indépendant, il faut le montrer en salle, puis le diffuser sur tous les autres médias et pour cela, il faut échanger de l'argent avec ceux qui vous aident. Si on peut éviter certaines de ces étapes, on a un accès plus direct au marché. De plus, pour les films non-épiques, les coûts de production sont en baisse. C'est pour cela que je dis que nous entrons dans un Âge d'or... du moins sur le moyen terme, mais ça commence déjà. Les gens regardent les infos sur leur Ipod; ils peuvent télécharger des films sur Ipod ou par d'autres moyens puis les regarder à la maison. C'est plus facile que d'aller dans un magasin de DVD. On ne peut pas nier l'indéniable.

Est-ce que le fait d'être en Europe compte beaucoup pour vous, sur le plan des financements ?
Par le passé, j'ai eu des partenaires européens qui prenaient chacun de mes films, mais cette tradition s'est éteinte. L'alchimie nécessaire pour réunir l'argent d'un film est très délicate, alors on est amené à regarder un peu partout les possibilités qui se présentent (traités de coproduction, incitations fiscales, etc...), de l'Australie aux Caraïbes. Au Royaume-Uni, la situation est bien bloquée. C'est dommage : nous échangerions mieux avec le reste de l'Europe si ce n'était pas le cas, mais l'industrie britannique du cinéma a toujours eu des hauts et des bas.

Comment définiriez-vous l'art de produire ?
Il s'agit de distinguer, dans la brume des choses possibles, des choses qui intéresseront les gens. Ensuite, quand une idée vous plait, il faut se choisir des partenaires-clef. Financer un film implique que l'on aime vraiment ce que l'on fait et qu'on soit prêt à essuyer beaucoup de refus. Personnellement, je cherche le succès, mais je ne suis pas esclave du marché. Je veux travailler sur des projets que j'aime tout en restant, je l'espère, en contact avec le marché.

Quel taux de réalisateurs débutants et de cinéastes confirmés produisez-vous ?
30/70. Je travaille en ce moment avec trois nouveaux réalisateurs britanniques, Gerald McMorrow, Dawn Shadforth et Rupert Sanders, mais je produis également Dirt Music de Philip Noyce, adapté d'un livre écrit par Tim Winton. Bernardo Bertolucci est quant à lui sur le point de terminer un nouveau scénario. Il y a aussi David Cronenberg... pour ne citer que quelques noms.

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