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Joachim Lafosse • Réalisateur

“J'aimerais que mon film provoque une réflexion”

par 

- Rencontre de Cinergie avec le réalisateur belge sélectionné avec Elève Libre à la Quinzaine des réalisateurs cannoise 2008 après la compétition vénitienne pour Nue Propriété en 2006

Cinergie.be : Joachim, dans tes films précédents, que cela soit Tribu, Folie Privée ou Nue Propriété [+lire aussi :
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, ce que tu soulignais, c’était l’absence d’un ou des deux parents, ou au contraire, leur l’amour excessif, ce qui créait un déséquilibre familial. Dans Elève libre [+lire aussi :
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interview : Joachim Lafosse
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, le déséquilibre n’est plus provoqué par la famille, mais par quelqu’un d’extérieur, qui a aussi un rôle d’éducateur…

Joachim Lafosse : Oui, la famille transmet une capacité à s’émanciper et à vivre seul. Dans ce cas-ci, je raconte l’histoire d’un adolescent qui ne parvient pas à distinguer ce qui est de l’ordre de l’apprentissage et ce qui est de l’ordre de la transgression. J’ai voulu parler de cette frontière floue qui existe entre les deux, dans l’éducation donnée par un prof, qui a une autorité et une expérience reconnues et qui rencontre un adolescent. Il veut lui donner des vérités, l’adolescent est forcément très curieux et, dans cette relation, la question qui se pose est celle des limites, que l’un et l’autre devraient fixer. Pour l’adolescent, c’est un peu compliqué d’en mettre, il ne possède pas les repères. C’est donc l’adulte qui devrait les poser, mais il ne le fait pas. J’essaye de faire réfléchir le spectateur pour qu’il réalise jusqu’où cela peut aller. Une autre question du film est de savoir si l’on peut tout apprendre. Est-ce que la sexualité s’apprend ou s’éduque ?

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Tu as dit que tu serais heureux de pouvoir aller à la rencontre des jeunes avec ce film. Tu as envie de créer une discussion ?
Oui, mais c’est pour chaque film. J’aime parler d’un film après sa sortie. Ça ne sert pas uniquement à divertir, on peut divertir et réfléchir en même temps. J’essaye de rassembler les deux. Ce film sur les limites ne s’adresse pas à tout le monde, je pense qu’il faut avoir 15 ans pour voir ce film, en discuter, le prendre avec justesse et pouvoir s’en emparer. Donc cela me plairait beaucoup de pouvoir en discuter avec les adolescents. Je ne suis pas pédagogue, je suis cinéaste. Mais j’aimerais que mon film provoque une réflexion. La chose qui m’intéresse le plus, c’est stimuler la subjectivité du spectateur, qu’il se rende compte qu’il est non seulement quelqu’un qui consomme, mais aussi quelqu’un qui pense, et qui peut avoir une opinion. Quand on fait appel à la subjectivité du spectateur, cela veut dire qu’il va devoir prendre position. Quand on le laisse avec une question et qu’on ne donne pas forcément une réponse, ça l’effraie. C’est la même chose pour Jonas dans le film. On voudrait tous des vérités. Elève libre est une histoire pour laquelle il est très difficile d’avoir une opinion, mais je préfère la complexité à la simplicité.

Tous les personnages sont très proches, physiquement parlant.
Oui, c’est provoqué par la longue focale. Faire un film, c’est faire des choix. On ne se rend pas compte à quel point le cinéaste a des choix à faire. Tout ce qui est le cadre, la netteté, le rapport au son, … Tous ces choix sont à utiliser et font la grammaire du cinéma. Il n’y a pas de hasard au cinéma, tout est réfléchi pour que cela soit beau. J’ai choisi le Scope pour les scènes de table. Cela donne une vision large de la table et l’on voit tout le monde sur le même plan, cela évite le champ/contre-champ. J’ai appris beaucoup sur ce qu’on peut faire avec les outils du cinéma. C’est sans doute le film où j’ai le plus appris.

Pour visionner un portrait de Joachim Lafosse réalisé par Cinergie.be : cliquez ici

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