Isabelle Huppert : "Entre émotion et réflexion"
par Fabien Lemercier
Effervescence médiatique cet après-midi sur la Croisette pour la conférence de presse du jury de la compétition du 62e festival de Cannes. La présidente Isabelle Huppert s’est livré au jeu des questions-réponses accompagnés par les huit autres membres du jury : Asia Argento, Robin Wright Penn, Sharmilla Tagore, Shu Qi, Nuri Bilge Ceylan, James Gray, Lee Chang-dong et Hanif Kureishi. Morceaux choisis.
La responsabilité de juger
Isabelle Huppert : Nous ne sommes pas là pour juger, mais pour aimer des films et voir ceux qu’on aime le plus. Il est très difficile d’expliquer pourquoi une œuvre d’art nous touche. C’est une question profonde. Nous allons essayer de mettre un peu de notre âme dans ce que nous allons voir.
Une ligne directrice pour le jury ?
I.H : Ce n’est pas mon intention d’en donner une. Cette définition du cinéma suffit : une ambition humaniste, un regard sur le monde et en même temps un projet esthétique.
Une présidente sans concession ou diplomate ?
I. H : Diplomatie n’est pas un mot qui m’inspire beaucoup à priori. Il pourra y avoir des conflits, des dissensions. C’est un peu comme un précipité chimique : on verra sur le moment, cela provoquera des réactions qu’on ne connaît pas. Un film, ce n’est pas seulement de l’émotion, mais aussi de la réflexion, ce n’est pas quelque chose qui endort, mais qui doit réveiller. Je veillerai à me situer entre émotion et réflexion. Mais il faut rester humble car l’histoire des festivals montre qu’on n’a pas toujours su accepter les œuvres quand elles étaient montées. Nous sommes qui nous sommes et nous ferons ce que nous pourrons.
Nuri Bilge Ceylan : Je vais essayer d’être très prudent. A Cannes, il est probable qu’on voit des films très originaux et ils peuvent parfois sembler ennuyeux. Mais des films que j’ai détestés à la première vision sont ensuite devenus des références pour moi. Donc je ne vais pas seulement écouter mon cœur, mais le mélanger à ma raison.
Asia Argento : Je suis très intriguée. Je me demande comment nous allons débattre. Nous allons partager nos avis, mais je présenterai mon point de vue personnel.
James Gray : Je n’aime pas juger le travail des autres. C’est une tâche ardue. Pour moi, l’important est de voir 20 films en dix jours comme quand j’avais 19 ans. Le jugement passe au second plan.
Hanif Kureishi : En tant qu’artiste, on n ‘aime pas trop les prix, sauf quand on a gagne un. Cette année, de grands cinéastes sont en compétition et je suis curieux de voir ce qu’ils disent du monde dans lequel nous vivons.
Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.