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CANNES 2009 Compétition / Italie

Vincere, la trahison du pouvoir

par 

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fiche film
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, Marco Bellocchio, unique réalisateur italien en compétition au Festival de Cannes, revient sur un secret bien gardé de la vie de Benito Mussolini. Secret toutefois parfaitement documenté non seulement par la littérature mais aussi par un documentaire télévisé duquel le cinéaste septuagénaire a tiré l'idée de son film.

Il s'agit d'une histoire dramatique à la fin tragique: le jeune militant socialiste Benito Mussolini rencontre Ida Dalser à Milan, jeune fille issue d'une famille aisée qui l'avait déjà remarqué à Trente et en était tombée éperdument amoureuse, partageant ses idéaux politiques chargés d'individualisme, d'interventionnisme et d'anticléricalisme. Le futur dictateur l'épouse et reconnaît le petit Benito qui naît de leur union. C'est alors qu'il s'enrôle pour combattre dans la Grande Guerre et disparaît à jamais. Ida, qui a vendu tous ses biens pour soutenir les premiers pas politiques de son héros, ne se résigne pas: elle va revendiquer ses droits pour elle et son fils et écrire à toutes les autorités, y compris le pape Pie XI. Mais entre temps, Mussolini a épousé Rachele Guidi, qui lui a déjà donné Edda.

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Evitant d'insister sur les méfaits publics du régime fasciste, Bellocchio se concentre sur la persécution de cette femme et de son enfant, isolés puis internés dans un asile, dont les existences seront littéralement effacées par les hommes du Duce.

Marqué par la photographie de Daniele Ciprì livide et riche en clairs-obscurs, Vincere débute à Trente avec la très célèbre preuve de la non-existence de Dieu du jeune Mussolini ("Si Dieu existe, je le défie de me foudroyer dans les 5 minutes") et rythmé par de brèves épisodes historiques de la naissance du Fascisme à la Seconde Guerre Mondiale. Utilisant l'iconographie du temps et les nombreuses archives filmées fournies par l'Institut Luce, Bellocchio mélange (le montage est de Francesca Calvelli) les images d'archives et celles filmées par sa caméra. Le graphisme futuriste lance les slogans de l'époque (Audace! La Guerre nettoie le Monde!) jusqu'à créer une atmosphère dense exprimant la face lugubre et menaçante de la dictature.

Le visage de Giovanna Mezzogiorno exprime bien les émotions de cette femme qui refuse tout compromis, qui aime et se sent trahie, qui veut affirmer sa propre identité. Les moments les plus forts sont ceux pendant lesquels sont projetés les films de propagande qui précèdent le film dans la salle de projection, lieu de révélation de la réalité extérieure. Cette femme regarde Mussolini haranguer la foule avec les mimiques qui lui sont bien connues et c'est alors que des sentiments de stupeur et de frustration s'emparent d'elle-même. De son côté, Filippo Timi incarne la psychopathologie du dictateur (puis le mal-être du Benito jr.) avec une approche expérimentale qui lui vient de sa longue expérience théâtrale avec Giorgio Barberio Corsetti. La disparition de son personnage, remplacée par les images réelles de Mussolini, et la fin du rapport psycho-physique entre les deux amants laissent une sensation légère de vide sur l'écran.

Vincere est une coproduction italo-française entre Rai Cinema, Offside et Celluloid Dreams produit par Mario Gianani. Il sortira dans les salles italiennes le 20 mai et sera distribué par 01 et vient tout juste d'être acheté par la française Ad Vitam (pour les salles) et MK2 (pour la télévision).

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(Traduit de l'italien)

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