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CANNES 2009 Compétition / Allemagne

Haneke et le village des damnés

par 

Grand habitué du Festival de Cannes depuis 1997 et lauréat du Grand Prix du Jury en 2001 avec La Pianiste [+lire aussi :
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(dont l’actrice principale, Isabelle Huppert, préside le Jury de cette édition), l'autrichien Michael Haneke s’essaie à la rigueur du noir et blanc dans sa nouvelle oeuvre Le ruban blanc [+lire aussi :
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, après avoir franchi la frontière américaine en 2007 avec Funny Games, le remake du film qui l’avait révélé dix ans auparavant.

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Le ruban blanc, qui donne son titre au film, est celui que noue le sévère pasteur protestant (Burghart Klaussner, Good bye Lenin! [+lire aussi :
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, The Reader [+lire aussi :
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) d’un village isolé d’Allemagne du Nord en 1913, au bras et dans les cheveux de ses deux fils aînés pour qu’ils se souviennent de toujours rester purs et de s’écarter du pêché et des tentations.

La pureté et l’intégrité sont les vertus qui semblent avoir disparues de ce village, remplacées par la "malice, l’apathie, la brutalité et l’envie”, pour reprendre les mots d’un autre personnage du film, la femme du Baron (Ursina Lardi).

A travers la voix off (Ernst Jacobi) de l’instituteur (le débutant Christian Friedel), on apprend peu et peu et ce, de nombreuses années après les faits, à connaître tous les habitants de Peyton Place: le susmentionné pasteur et ses fils; le médecin (Rainer Bock) et ses fils; le Baron (Ulrich Tukur, La Vie des Autres) ainsi que la Baronne et leurs enfants; l'administrateur du domaine (Josef Bierbichler) et ses fils; la sage-femme (Susanne Lothar) et son bébé; le fermier (Branko Samarovski) et ses enfants. Les enfants et adolescents semblent d’emblée détenir un rôle primaire, victimes et peut-être bourreaux au sein de cette danse de l'hypocrisie.

Le maître, qui n’est pas originaire des lieux, a le rôle de l’observateur et projette d’emblée le spectateur au premier plan d’une série d’accidents qui prennent peu à peu le caractère d'un rituel punitif. Le médecin est victime d’une chute de cheval suspecte, se fracturant les os ; qui est coupable de l’agression du fils du Baron ; qui crève férocement les yeux de l’enfant handicapé de la sage-femme?

La police locale enquête en vain. Les habitants se taisent. La peur de l’effritement d’une microsociété unie de façon précaire par les conventions sociales et religieuses est trop grande. Au sein de chaque noyau familial se cache un secret: le docteur entretient une relation qui s’essouffle avec la sage-femme mais aussi un rapport incestueux avec sa fille; la baronne annonce à son mari sévère qu’elle veut le quitter pour un italien doux et riche de surcroît. Et le pasteur, inflexible, est le responsable indirect de l’agressivité qui couve au sein du village.

Sexe et mort, sont depuis toujours des thèmes récurrents du cinéma freudien de Haneke, qui parcourent ce microcosme clos et oppressant, photographié avec une sévérité froide par Christian Berger. La relation délicate entre le maître et la jeune Eva (Leonie Benesch), appelée pour s’occuper des jumeaux de la Baronne, représente l’opposition, l'innocence possible dans un monde sans salut. La Grande Guerre est sur le point d’éclater et la violence du conflit pourra peut-être balayer – tel un slogan futuriste – les maux intérieurs. Mais les enfants de ce village de damnés ne sont que le recrues du Troisième Reich.

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(Traduit de l'italien)

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