CANNES 2009 Quinzaine des réalisateurs
Navidad, une nuit particulière
par Bénédicte Prot
Après la petite fille recueillie dans La pivellina [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film] ou encore le titre français La Famille Wolberg [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film], la Quinzaine des réalisateurs de Cannes continue d'explorer le thème de la famille à travers l'histoire de trois enfants terribles réunis le temps d'une soirée de Noël sans sapin.
Dans Navidad [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film], deuxième long métrage du Chilien Sebastián Lelio (après, justement, un premier film intitulé La sagrada familla, lauréat de nombreux prix partout dans le monde), un très jeune couple entré par effraction dans la maison sur le point d'être vendue du père récemment décédé de la fille, Aurora, est libéré des tensions et jalousies qui menacent de les séparer par l'arrivée d'Alicia, jeune fille de trois ans leur benjamine qu'ils trouvent en état d'hypoglycémie.
Dans le pays des merveilles qu'est cette demeure pleine de trésors secrets, Aurora et Alejandro recueillent Alicia et apprennent que les raisons de sa fugue sont liées à l'absence d'un père qu'elle ne rencontrera jamais. La relation de couple parasitée par l'irruption d'un tiers prend alors les allures d'une trinité réunie par des malaises communs. L'union de ces trois jeunes, qui appartiennent à une génération qui n'a pas connu la dictature et se retrouve sans idéaux collectifs, culmine dans une scène de sexe belle et naturelle qui permettra à chacun d'eux de mieux se connaître soi-même. Pour cette génération, affirme le réalisateur, "la seule révolution possible est intérieure".
Navidad est une tranche de vie, un moment partagé loin du monde le soir de Noël, une tradition religieuse que les protagonistes vivent à leur manière, spontanément, loin de leurs vraies familles – une liberté/libération que le réalisateur a mise en scène sur la base d'un scénario sans dialogue (comme son premier long métrage), au fil de 75 heures de film (qu'il a ensuite passé beaucoup de temps à monter méticuleusement), de manière à capturer les regards, propos et gestes des acteurs naturellement, sans contrainte. Par l'intelligence discrète de son approche fondée sur des choix radicaux, Leilo fait bel et bien figure de héraut du nouveau cinéma chilien.
Ce film a été coproduit par Pablo Mehler et Guillaume Benski pour la société française Divine Productions.
Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.