05/09/2009

Combien de temps faut-il pour comprendre que l'inconnu rencontré par hasard est l'amour de votre vie ? Pour Silvestro (Michele Riondino) et Camilla (Isabella Ragonese, de nouveau en brillante étudiante après Tutta la vita davanti), il semble qu'un regard a suffi, un regard échangé sur un vaporetto vénitien un hiver il y a dix ans. Elle est étudiante en russe et cherche solitude et concentration sur une île perdue de la lagune ; il est plein de vie et effronté et fait le premier pas. Et puis, par peur ou par orgueil, ils se perdent de vue.

Le destin les fait se rencontrer de nouveau, entre élans spontanés (comme quand il va la voir à Moscou, où elle s'adonne à Tchékov et s'est éprise de l'homme de théâtre plus mûr Fiodor), tête-à-queue inattendus, enthousiasmes et déprimes, rendez-vous fortuits et rencontres manquées. Le schéma n'est pas nouveau au cinéma italien (Un amore, de Tavarelli, racontait en une dizaine d'épisodes une histoire similaire – ce n'est d'ailleurs peut-être pas un hasard si ce film commence quand s'achevait le sien, en 1999), mais il offre à l'acteur débutant Valerio Mieli l'occasion de s'essayer à une "comédie dramatique" mature mais jeune (y compris au niveau des équipes artistiques et techniques), loin du romantisme mielleux des films pour jeunes qui se font en ce moment.

Ce film entrepris en tant que projet de fin d'études (le réalisateur vient du Centre expérimental de cinématographie, qui a coproduit le film avec Rai Cinema et la société russe United Film Company) est finalement devenu une production assez importante, non seulement parce qu'il a fallu tourner à l'ombre du Kremlin, mais aussi parce qu'intérieurs comme extérieurs ont été tournés dans des lieux "problématiques" (et coûteux), notamment à Venise et dans ses environs. On voit grâce à cela le beau paysage de la lagune, dont la superbe photographie de Marco Onorato (Gomorra) saisit avant tout des aspects inattendus : sa quotidianité hivernale et donc peu touristique faite de marchés de poisson et d'îlots oubliés.

À cette sensibilité pour les lieux s'ajoute la belle direction des acteurs, à commencer par les deux principaux, qui arrivent à ajouter à ce scénario pourtant très écrit (par Mieli, Isabella Aguilar et Davide Lantieri sous la supervision de Federica Pontremoli) leur contribution personnelle pour faire de Camilla et Silvestro des personnages vraisemblables et riches en nuances.

Dieci inverni, reconnu "d'intérêt culturel national" par le ministère de la Culture italien, vient de faire l'ouverture de la toute nouvelle section Contrechamp italien de la Mostra de Venise. Il sera distribué en Italie par Bolero Film à partir du mois de janvier. Les ventes internationales du film sont assurées par Rai Trade.

(Traduit de l'italien)