05/09/2009

Le réalisateur serbe Goran Paskaljevic est de retour à Venise après le film partout encensé Le baril de poudre, présenté à la Mostra en 1999. Cette fois, il nous livre une oeuvre qui est la première coproduction serbo-albanaise de l'Histoire et s'intitule Honeymoons [+lire aussi :
interview : Entretien avec Goran Paska…
fiche film] ("lunes de miel"). Il est au programme des Journées des auteurs - Venice Days.

Ce titre ayant été tourné en deux temps dans deux pays différents, les acteurs serbes et albanais ne s'étaient jamais rencontrés avant ce matin sur le Lido, où l'équipe du film est venue presque au complet pour la première mondiale du film.

Honeymoons suit deux couples pendant la même journée : le premier émigre d'Albanie en Italie, le deuxième de la Serbie à la Hongrie, mais les problèmes commencent dès la frontière. Les deux histoires ont pour toile de fond un attentat contre les forces de l'ONU ayant mission de faire régner la paix au Kosovo : cet événement joue un rôle important dans le destin des personnages, à une époque où guerre contre le terrorisme rime avec hostilité à l'égard des immigrants "indésirables".

Le réalisateur explore les conséquences de la Guerre des Balkans et la dictature de Hoxha en Albanie, ainsi que la manière dont les jeunes générations continuent de payer pour les actions de leurs pères. Il s'intéresse en particulier à l'instabilité économique que le conflit a causée et qui amène les gens, après des années de bains de sang et d'oppression, à quitter leur pays pour trouver une vie meilleure à l'étranger, où ils ne sont pas toujours bien accueillis. Cependant, contrairement à The Powder Keg, la conclusion de Honeymoons, ouverte, laisse de l'espoir pour l'avenir.

“Les Balkans sont toujours un baril de poudre, a dit Paskaljevic au public après la projection de son film, mais j'espère que cela va cesser quand la Serbie aura rejoint l'Union européenne". À la question d'un spectateur curieux de savoir si l'auteur pensait vraiment que ce serait la solution, ce dernier a répondu : "Et bien, vous faites partie de l'Union, qu'est-ce que vous en pensez !".

Interrogé sur l'accueil de la police dans les deux pays où il a tourné, le réalisateur assure qu'il n'a pas eu les mêmes problèmes que ses personnages, mais, a-t-il ajouté, "je dois admettre que je n'aime pas la police où que ce soit, surtout la douane".

Le débat est devenu plus gai quand l'acteur serbe Nebojsa Milovanovic (également à l'affiche de The Powder Keg et The Optimists [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film], réalisé par Paskaljevic en 2006) a évoqué son rôle. Pour jouer le jeune violoncelliste, il a dû apprendre à jouer de cet instrument : "Des musiciens d'orchestre m'ont dit qu'ils ont étudié vingt ans pour pouvoir jouer le morceau de Schumann que j'ai appris en un mois – mais je n'en joue que trois secondes ! – alors je leur ai dit que la grande différence, c'est que je suis un acteur qui fait semblant de jouer du violoncelle".

Honeymoons a été coproduit par la société serbe Nova Film et la maison albanaise Ska-ndal Productions pour un budget de 900.000 €. La société française Nova Film International l'a déjà vendu pour la France (Eurozoom) et l'Espagne (Wanda Vision). Elle négocie actuellement les droits du film pour l'Italie. Après Venise, Honeymoons sera projeté dans la section "Masters" du prochain Festival de Toronto.

(Traduit de l'anglais)