email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

VENISE 2009 Compétition / France

Jacques Rivette entre en piste

par 

Le cirque comme métaphore de la vie. Ce n'est pas une idée particulièrement originale, surtout au cinéma (elle a été déclinée de mille manières, entre Chaplin et Fellini), mais ce n'est pas l'image d'une simple tente de cirque vue de l'extérieur, comme celle qu'on voit dans 36 vues du Pic Saint-Loup [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
de Jacques Rivette, en compétition à la Mostra de Venise, qui va nous renvoyer à un monde déjà vu et visité.

Il s'agit ici seulement, naturellement, d'un procédé narratif de nature théâtrale (sans qu'il s'agisse non plus de théâtre filmé) qui permet à Rivette de mettre en scène quelques personnages particulièrement évocateurs. Vittorio (interprété par Sergio Castellitto, dont c'est la deuxième collaboration avec le cinéaste français après Va savoir ) est un célèbre agent qui tombe par hasard sur Kate (jouée par une Jane Birkin splendide et mélancolique), propriétaire d'un petit cirque itinérant qui circule dans les campagnes françaises (dans la région Languedoc-Roussillon, qui a financé ce film, dont le distributeur italien est Bolero Film, avec Cinemaundici, Alien Produzioni, Pierre Grise Productions, France 2 Cinema, Rai Cinema, le ministère de la Culture italien, le Centre National de la Cinématographie et Media Plus).

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

La petite mais jolie troupe du cirque offre un point de départ à Rivette, qui a composé le scénario (une superbe partition musicale qui, par sa grâce, aère les esprits et les oreilles) avec Pascal Bonitzer, Christine Laurent, Shirel Amitay et Sergio Castellitto. Il nous raconte ainsi le monde intérieur compliqué de Kate, qui a quitté le monde du cirque de son père pendant quinze ans. Vittorio est tellement fasciné par elle qu'il interrompt pour un temps apparemment indéterminé son voyage d'affaires entre Milan et Barcelone, une suspension temporelle qui lui permet d'abandonner sa vie probablement frénétique pour s'insérer avec détermination dans la vie tranquille de la troupe, si bien qu'il finit par entrer en piste pour une séquence superbe aux côtés du Alexandre (André Marcon).

La présence d'ordre thaumaturgique de Vittorio semble redonner de l'énergie tant au spectacle qu'à Kate – elle lui permet de se libérer des démons du passé dont elle était prisonnière. Tout se passe comme dans une fable.

C'est bien là l'essence de 36 vues du Pic Saint-Loup : c'est une oeuvre apparemment légère qui s'avère profonde comme la vie elle-même, où le passé revient même si c'est du passé, où nous portons des masques comme le saltimbanque son maquillage, où l'espace où nous nous mettons en scène chaque jour est, comme une piste de cirque, "le lieu le plus dangereux au monde", où nous nous habituons à notre douleur (parce qu'elle nous rassure, aussi) et où "rien c'est tout" (le film est d'ailleurs construit sur du néant). Et c'est justement pour cela qu'il est important que le public (les autres, donc) rie devant les cabrioles des clowns (que nous sommes) et en partage ainsi la vie. C'est le seul moyen d'arriver à la même conclusion que le final du film, où "tout est bien qui finit bien".

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'italien)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy