FESTIVAL DE ROME Compétition / Allemagne
Vision : une héroïne visionnaire et influente pour von Trotta
par Gabriele Barcaro
Vision [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film] : “C'est le
producteur qui a choisi le titre, parce qu'il est compréhensible dans
de nombreuses langues", a souligné Margarethe von Trotta, qui
aurait peut-être baptisé différemment son film biographique sur
Hildegard von Bingen, réligieuse allemande du Moyen-âge qui
non contente d'être en contact direct avec Dieu, a fréquenté les
puissants de son temps, y compris Barberousse. Il est vrai qu'on voit
peu de "visions" dans le film que la réalisatrice vient de présenter
en compétition au Festival de Rome : "Pour les
mettre en scène de manière originale, il nous aurait fallu l'aide
d'un grand artiste vidéaste mais le budget ne le permettait pas ;
j'ai donc choisi de ne montrer que la première vision, et ce sans
trop forcer le trait".
C'est probablement mieux ainsi, car libre d'effets spéciaux et d'apparitions mystiques ("peut-être un symptôme épileptique", suggère von Trotta, qui épouse en cela les théories du neurologue Oliver Sacks), l'histoire de cette bonne soeur (considérés par beaucoup comme la femme la plus influente du XIIème siècle), proche des papes et empereurs de son temps mais blâmée par la hiérarchie ecclésiastique, prend un sens qui transcende la dimension religieuse.
On ne s'étonne dès lors pas que von Trotta, chef de file du Nouveau cinéma allemand des années 1970 et Lion d'or à Venise pour Les années de plomb, ait poursuivi pendant vingt ans le rêve d'ajouter Hildegard (également dramaturge, savante, musicienne et physicienne avant l'heure, en plus d'avoir voulu s'affranchir des Bénédictins en fondant un monastère féminin) aux nombreux personnages féminins de sa filmographie.
"Aujourd'hui, Hildegard serait une espèce de Rosa Luxembourg",
poursuit la réalisatrice en faisant allusion à une autre figure
historique féminine dont elle réalisé le portrait dans Rosa L., en 1986. Comme dans ce précédent film, le rôle de l'héroïne de
Vision a été confié à une de ses actrices-muses, Barbara
Sukowa, qui incarne ici un personnage à la fois doux et
autoritaire (qui a un très beau rapport avec l'élève Richardis,
interprétée par la Hannah Herzsprung de Quatre minutes [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film]), une femme aux multiples
facettes et (pour certains trop) moderne capable d'irradier de
chaleur un film volontairement austère qui est sans doute le meilleur
que von Trotta ait réalisé dernièrement.
Vision a été produit par Clasart Film & Fernsehproduktion, ARD / Degeto Film GMBH et Tele München Fernseh GmbH. Les ventes internationales du film sont assurées par son coproducteur français, Celluloid Dreams.
(Traduit de l'italien)
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