16/11/2009

C'est d'Italie que vient la première surprise d'un festival pour le moment discret : le Festival de Turin a en effet présenté aujourd'hui, en compétition, La bocca del lupo [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Pietro Marcello
fiche film] (dont le titre provient d'un roman vériste de Gaspare Invrea), où Pietro Marcello explore Gênes et les marges de sa population, l'armée des gens qui habitent encore dans les bâtiments défraîchis du centre historique, ce dédale de ruelles coupe-gorge.

Ce deuxième long métrage de Marcello échappe à toutes les définitions (après le superbe Il passaggio della linea). À mi-chemin entre documentaire et mélo, il relate l'histoire d'amour (véritable) d'Enzo, condamné à vingt ans de prison pour avoir tiré sur deux policiers, et Mary, toxicomane que seul cet homme aurait pu arracher à l'héroïne. La vie semble avoir tout pris aux deux amants, à commencer par leur liberté, et puis il fait une rencontre, en prison, qui le change, lui dont la force fait trembler même les gardiens de prison mais qui s'émeut devant Bambi. Et Mary, après s'être remise de sa peine, a bien l'intention de l'attendre.

Le film, planant au-dessus des genres et des conventions, raconte cette intimité avec une remarquable pudeur et montre avec autant de lucidité les transformations qu'ont subies les lieux qui sont la toile de fond de ce sentiment, de ces histoires individuelles – et ce en s'inspirant de documents d'archives (très bien choisis et montés par Sara Fgaier).

Qu'une oeuvre aussi personnelle ait pu naître d'un projet commissionné est une autre preuve d'intelligence, de la part du commanditaire (les jésuites de la Fondation San Marcellino, qui assistent depuis 1945 les marginaux et les gens en difficulté de Gênes) ainsi que de l'auteur, qui est aussi le producteur de son film (par le biais de la société nouvellement créée L’Avventurosa Film, co-fondée avec le critique Dario Zonta) avec Indigo Film et en collaboration avec Rai Cinema et Babe Films. Le film sera distribué sur les écrans transalspins par Bim.

(Traduit de l'italien)