email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

BERLINALE 2010 Panorama / Autriche

Blutsfreundschaft, pureté et perversion

par 

Le réalisateur viennois Peter Kern, un habitué de la Berlinale dont les soixante ans ont coïncidé hier avec l'anniversaire du festival, a présenté à cette occasion, dans la section Panorama, son nouveau film, Blutsfreundschaft, un titre qui renvoie à l'amitié scellée par le sang, tandis que le titre international, Initiation, évoque plus généralement tous les rituels auxquels on assiste dans le film. C'est pourtant Kern qui nous fait ici le cadeau de mettre en scène un Helmut Berger vieillissant qui continue toutefois d'être absolument fascinant.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

Le choix du mot n'est pas innocent, la parenté étymologique entre fascination et fascisme renvoyant directement au thème du film, qui crée à travers Axel (Harry Lampl), jeune laissé-pour-compte à la dérive, un lien étrange entre deux communautés aux antipodes l'une de l'autre dans le cadre de la province autrichienne. Le garçon, poussé par un groupe de néo-nazis qu'il essaie d'intégrer à poignarder le responsable d'une soupe populaire, se réfugie en effet après l'acte chez Gustav (Berger), vieil homosexuel qui tient une blanchisserie où affluent d'extravagants éphèbes et décide de prendre sous son aile ce nouveau "neveu" au corps plein de jeunesse.

Le parallèle entre les deux univers ainsi établi sur le plan narratif, on s'aperçoit vite qu'il ne s'arrête pas là, car la tâche que Gustav essaie de laver, d'expier, depuis des années dans son pressing est la mort de son premier amant et ami de sang, exécuté quand les deux garçons faisaient partie des jeunesses hitlériennes. Et si les néo-nazis professent une haine féroce pour les "pédés", certains meneurs du parti sont eux-mêmes de la jaquette.

Au niveau esthétique, les points communs entre les deux mondes sont évidents d'emblée. C'est d'ailleurs précisément l'érotisation des rituels nazis qui est au coeur du film dès la scène du concert punk, où les torses nus de ces jeunes Autrichiens prônant non pas le mélange mais la pureté du sang se frôlent sur fond de culte du corps tandis qu'un des chefs du parti se masturbe devant un pamphlet fasciste. Ici, c'est l'ivresse de violence des skinheads avec leur litanie de slogans infâmes qui est clairement présentée comme une perversion absolue.

Le propos est certes développé de manière moins brutale que dans le célèbre Salo de Pasolini – Kern procède par petites touches à travers tout un éventail de personnages et d'attitudes différentes et une série de flashbacks qui retracent le traumatisme ancien qui continue de hanter Gustav – mais la différence principale est qu'ici, une alternative existe. Face à des êtres sans attaches affectives, face à l'hypocrisie de la promiscuité dont se teinte leur fausse solidarité (établies à coups de rituels cruels), Axel a la possibilité de choisir l'autre versant et d'opter pour l'amitié véritable qui lie le groupe des travestis et homosexuels, qui ont leur rites et déguisements mais également la grâce de ne pas trop se prendre au sérieux et, surtout, des rapports beaucoup plus "purs".

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy