03/12/2010

Plus que "dormante", la cellule du Jihad islamique que décrit Chris Morris dans Four Lions [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film] est "démente". Il suffit de voir de quel rebut elle est constituée : une bande d'idiots qui oscille entre gaucherie désarmante et pure bêtise. Il suffit de voir la tête pensante du groupe, Omar (Riz Ahmed), pour le comprendre : alors qu'il se trouve dans le désert du Pakistan pour un cours avancé de terrorisme, il prend son bazooka à l'envers et massacre tout un bataillon de moudjahidines. Il y a aussi Waj (Kayvan Novak), qui échange des poulets contre des lapins génétiquement modifiés, l'iconoclaste Faisal (Adeel Akhtar), le nihiliste belliqueux Al-Britanni (Nigel Lindsay) et son nouvel adepte rappeur (Arsher Ali).

L'équipe est en somme la moins fine qu'on puisse imaginer. Leur objectif, en revanche, est terrible : ils veulent organiser un attentat au coeur de Londres. "Les cellules terroristes ont les mêmes dynamiques de groupe qu'une bande de gars enterrant une vie de garçon ou de joueurs de babyfoot : on y trouve de l'amitié, des conflits, des incompréhensions, des rivalités. Le terrorisme répond à une idéologie, mais aussi à l'idiotie", précise Morris, qui avant ce premier essai cinématographique a réalisé de nombreuses satires pour la télévision et s'est documenté "auprès d'experts, de la police, des services secrets et de centaines de musulmans, dont tous les témoignages ont convergé pour mettre en avant l'aspect tragiquement farcesque du Jihad".

L'antithèse ne laisse pas le spectateur indifférent. Le film est un Docteur Folamour moderne où le terrorisme islamiste a remplacé la menace atomique et à la fin duquel on rit jaune. Est-il, d'ailleurs, légitime de rire de ces kamikazes à l'oeuvre ?

Au Royaume-Uni c'est possible, et pourtant l'horreur du terrorisme a frappé le pays il n'y a pas si longtemps. Ce film le prouve, qui fait singulièrement la paire avec un autre film en compétition au Festival de Turin : The Infidel [+lire aussi :
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fiche film], satire plus échevelée mais moins dérangeante de l'intégrisme. Trouver des financements n'a naturellement pas été facile : "Beaucoup de gens n'ont pas réussi à dépasser leur première réaction instinctive, explique Morris (qui a co-écrit le scénario du film avec Jesse Armstrong et Sam Bain). Les producteurs qui ont décidé de soutenir le film ont compris que nous ne cherchons pas à attaquer une culture, mais à suggérer que tuer n'est vraiment pas une grande idée".

Four Lions, produit par Warp Films avec le soutien de Film4, sera distribué en Italie par Videa CDE.

(Traduit de l'italien)