15/11/2002 - Le rapport Kriegel au Ministre de la Culture sur les films interdits en prime-time a déchaîné les réactions des cinéastes

Indignation générale des professionnels du cinéma contre les recommandations du rapport de Blandine Kriegel «Violence et télévision» remis jeudi au ministre de la Culture et de la Communication Jean-Jacques Aillagon.
Commandée par le ministère, l’enquête de la philosophe reflète l’opinion d’une commission de 36 personnalités des médias, de l’université, de la médecine et du droit. Son constat : la diffusion de spectacles violents a un impact net sur le comportement des plus jeunes et la France est en retard sur le plan de la régulation par rapport aux autres pays européens.
Le rapport propose notamment de mettre fin au régime d’exception permettant de diffuser quatre fois par an des films interdits aux moins de 12 ans à 20h50, et réclame plus de rigueur pour la commission de classification des films avec une extension progressive aux vidéocassettes, DVD, jeux vidéos et Internet. Des recommandations qui ont déclenché des réactions virulentes chez les professionnels du cinéma français qui dénoncent une atteinte à la liberté de création. SRF (Société des réalisateurs de films), SPI (producteurs indépendants) et ARP (auteurs-réalisateurs-producteurs) ont manifesté leur colère car l’accès des longs-métrages au prime-time est un levier essentiel pour assurer le financement des productions.
Les cinéastes spécialistes des questions de censure affirment aussi que le rapport Kriegel donne une image faussée de la violence à l’écran en France en la comparant par exemple la classification britannique. Ainsi, Ridicule de Patrice Leconte, Le hussard sur le toit de Jean-Paul Rappeneau et Le bonheur est dans le pré d’Etienne Chatiliez sont interdits aux moins de 15 ans en Grande-Bretagne et aux moins de 12 ans en France : une application plus rigide dans l’Hexagone avec une interdiction aux moins de 16 ans leur interdirait tout passage à la télévision avant 22h30. Un exemple à méditer pour le ministre de la Culture qui a demandé hier une vaste concertation sur la question.
Lire le rapport sur le site du Ministère de la Culture.