La censure en Europe
par Fabien Lemercier
- Débat à Europa Cinemas sur censure et cinéma, mais Blandine Kriegel, auteur du rapport sur violence et télé quitte la salle
Débat animé vendredi 22 à Paris lors de la table ronde «Cinéma et jeune public : éducation, protection et censure» organisé à l’occasion de la conférence annuelle du réseau d’exploitants Europa Cinemas.
Parmi les intervenants, la philosophe Blandine Kriegel, présidente de la «Mission sur la violence à la télévision», auteur du rapport très controversé remis la semaine précédente au Ministre de la Culture, a déclenché la stupéfaction de l’auditoire : d’abord en contredisant son propre travail en affirmant que les films interdits de diffusion télé après 22h30 ne seraient que ceux interdits aux moins de 16 ans et non aux moins de 12 ans comme le préconise le rapport, puis en quittant la salle à la suite d’une question sur la réforme envisagée de la commission de classification des images. Un départ précipité qui s’est reproduit dimanche durant l’émission «Arrêt sur images» de France 5 lors d’une confrontation avec le réalisateur Jean-Jacques Beneix.
En l’absence de la philosophe, le débat d’Europa Cinemas a permis des comparaisons instructives. Par exemple, Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain classé «tous publics» en France est interdit aux moins de 12 ans au Portugal et aux moins de 15 ans en Grande-Bretagne. Le directeur du British Board of Film Classification, Robin Duval, a expliqué la sévérité de la censure britannique par une grande vigilance par rapport au langage ordurier et aux scènes qui présentent la violence de façon séduisante.
De son côté, Wim Bekkers, directeur du NICAM a détaillé la méthode hollandaise : passer les images au filtre d’un questionnaire traitant des aspects de peur, drogue, alcool, sexe, violence, discrimination et vocabulaire. Une approche très pointilleuse assez éloignée de la technique française où la commission de classification prend ses décisions à l’issue d’une vaste concertation avec les associations professionnelles, des représentants du monde de la santé, des ministères, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel…
Une réelle diversité des traitements qui a fait conclure à Ruth Hieronymi, députée et présidente de l'Intergroupe Cinéma au Parlement Européen, qu' «en termes de censure des œuvres, chaque pays doit conserver son autonomie».
Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.