email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

CANNES 2011 Un Certain Regard / Allemagne

Arrêt en pleine voie : leçon de vie sur l’implacable mécanique de la mort

par 

Second film cette année sur la Croisette sur le sujet de la tumeur au cerveau après l’électrisant La guerre est déclarée [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, Arrêt en pleine voie [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
(Stopped On Track) d’Andreas Dresen adopte un angle d’attaque totalement différent, frontal et impitoyable, avec les derniers mois de vie d’un homme condamné à mort par la médecine. D’une facture formelle impeccable et ne pouvant laisser personne indifférent, le film a été présenté aujourd’hui au Certain Regard du 64ème Festival de Cannes, une sélection qui avait valu au cinéaste allemand un coup de cœur du jury en 2008 avec Cloud 9 [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

Annoncée d’entrée par une scène d’ouverture où Michel (Milan Peschel), accompagné de sa femme Simone (Steffi Kühnert), apprend qu’il est atteint d’un tumeur cérébrale inopérable, la tonalité hyper réaliste, dramatique et clinique d’Arrêt en pleine voie ne laissera aucune échappatoire possible au spectateur. Et rien du processus de dégradation physique et mental ne lui sera épargné, comme un prolongement du conseil initial du médecin pour savoir comment Michel et Simone pouvaient expliquer la situation à leurs deux enfants de huit et quatorze ans : "ce qu’on veut savoir, on le supporte plus facilement".

Choc et angoisse terrifiante de l’idée d’une mort imminente, violences des effets secondaires de la radiothérapie et de la chimiothérapie, perte progressive de mobilité physique, de mémoire et de lucidité, soins psychologiques, alternatifs (cassette de sophrologie sur l’auto-guérison) et purement médicaux : le spectateur assiste en détail à toutes étapes de la mort en marche, jusqu’au dernier souffle. Et Michel n’est ni un héros, ni un lâche, juste un homme ordinaire, habité par la peur de la mort. Une terreur qu’il affrontera tant bien que mal, dans sa maison, aux côtés de sa femme et de ses enfants.

Car derrière la chape de plomb qui accompagne fatalement tout le film pointe un second sujet, celui de la famille qui vit et participe à ce calvaire, tentant de faire bonne figure sans se voiler la face, endurant par la force de l’amour et le sens des responsabilités ce qui s’apparente parfois à une torture psychologique et à un esclavage de tous les instants (crises d’agressivité aiguës de Michel, déstabilisantes absentes mentales, symptômes du corps qui se déglingue comme les vomissements ou l’incontinence, soins, apaisement et consolations à prodiguer). Si chacun des trois personnages entourant Michel réagit à sa manière et en fonction de son âge (la mère dévouée, la fille adolescente parfois révulsée, le jeune fils à la présence plus douce, en observation), ils apprendront ensemble et le spectateur avec eux, comment œuvre la mécanique de la mort et en tireront intérieurement une profonde leçon de vie.

Souvent émouvant, parfois dérangeant, toujours impliquant, Arrêt en pleine voie est rythmé par trois saisons, de l’été à l’hiver, dans le décor quasi exclusif d’une maison donnant sur la campagne. Une concession permettant au public de respirer un peu visuellement au fil d’un récit dont l’enjeu final pèse lourdement sur l’atmosphère. Sans dévier de son parti-pris de véracité (qui frôle presque parfois l’incitation au suicide), Andreas Dresen apporte cependant quelques (rares) moments d’accélération et de (très) relatif optimisme avec deux chansons de Michel à la guitare électrique. Le cinéaste complète également une mise en scène très élaborée sous ses apparences simples et calmes par plusieurs passages, sortes de carnet intime de Michel se filmant lui-même et se parlant avec son téléphone portable. Evitant au maximum d’ajouter du pathos à un propos qui en est par essence surchargé, Dresen confirme après Cloud 9 et sa sexualité du 3ème âge, qu’il est décidemment un auteur à qui ne les sujets difficiles ne font pas froid aux yeux.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy