email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

VENISE 2001 Compétition

Polanski évite le Carnage en amusant la Mostra

par 

Arrivant très tôt dans la compétition de la 68e Mostra de Venise, Carnage [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
est l’adaptation de la pièce Le Dieu du Carnage de Yasmina Reza qui a également cosigné le scénario du film avec Roman Polanski.

Dans ce huis clos de 80 minutes déroulées en temps réel, il est question de la rencontre de deux couples mariés faisant suite à une querelle enfantine à l’issue de laquelle un des fils a intentionnellement blessé l’autre avec une branche. Ce fait divers, au départ sans gravité, est prétexte aux déballages personnels et il enclenche chez les quatre adultes un parcours qu’ils ne termineront pas dans l’état où ils l’ont commencé...

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
sunnysideofthedoc_2025_inner_June

Polanski n’en est pas à sa première adaptation théâtrale filmée en en huis clos, comme en témoignent ses versions de Macbeth et de La Jeune Fille et La Mort, mais le réalisateur du Bal des Vampires n’avait pas encore couplé l’exercice avec ses affinités pour la comédie. C’est désormais chose faite avec Carnage qui transpose son élégant casting hollywoodien — le couple John C. Reilly / Jodie Foster face au tandem Christoph Waltz / Kate Winslet — dans un studio parisien où tout a été mis en place pour donner l’illusion d’un appartement new yorkais, théâtre presque absurde de cette histoire.

Coproduit par SBS Productions (France), Constantin Film Produktion (Allemagne) et des apports polonais, Carnage n’a d'européen que sa charpente invisible et ses auteurs tant le film semble calibré pour un public international et américain en particulier. C’est à se demander si toute cette installation (et pas seulement les décors de Dean Tavoularis, mais aussi le casting et les deux uniques plans extérieurs qui ouvrent et concluent le film) n’est pas un pied de nez aux autorités américaines de la part d’un réalisateur qui, pour les mêmes raisons judiciaires, n’aura pas pu venir défendre son film à la Mostra.

De l’aveu de trois des quatre acteurs, les six semaines de tournage auront facilité une réelle alchimie entre eux et cette dernière est essentielle puisque c’est tout le film —forcément très bavard sur la longueur — qui repose autant sur leurs joutes verbales que le langage des corps où Jodie Foster est peut-être moins convaincante.

Carnage débute sur des formules de politesse entrecoupées de piques imperceptibles allant d’un couple à l’autre, mais très vite, les noyaux se fissurent et les affrontements prennent de nouvelles directions. La mécanique repose sur le principe d’une tension crescendo composée à partir d’éléments répétés. Le running gag des appels téléphoniques, l’emploi du sèche-cheveux, les crises vomitives du personnage de Kate Winslet, le feuilleton du hamster, tous ces ingrédients s’additionnent dans des moments de chaos comiques qui sortent le film de l’intellectualisme bourgeois dans lequel il aurait pu facilement s’installer. Cette approche humoristique, Roman Polanski l’a maintenue jusqu’au dénouement distinct des notes plus sombres sur lesquelles s’achève la pièce originale. Si un film léger comme Carnage est le bienvenu dans la filmographie d’un réalisateur qui avait grand besoin de se détendre, l’appartement a des réminiscences de Rosemary’s Baby ou Le Locataire et c’est la somme de nos attentes qui s’en trouve soudain revue à la hausse. Pas de déception, mais un divertissement qui doit s’affranchir de toute prétention avant d’être réellement apprécié pour ce qu’il est : une parenthèse — encore une — dans la carrière d’un des plus grands réalisateurs de notre époque.

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy