Boris Lehman à Beaubourg
Le cinéaste belge Boris Lehman sera à l'honneur à Beaubourg, au Centre Pompidou de Paris, du 19 mars au 8 avril 2003. Outre une exposition de photos prises par le réalisateur, une rétrospective permettra de (re)découvrir 80 de ses films. A cette occasion, le webzine Cinergie de février lui donne la parole dans un entretien réalisé par Philippe Simon. Voici des extraits de l'interview.
«Après 1995, il y a eu un changement important. Je le dis dans le premier chapitre de mes Entretiens filmés. Je dis que je n'ai plus envie de faire des films. Je vais continuer de filmer mais je vais arrêter de faire des produits culturels comme pouvaient l'être Leçon de vie ou Muet comme une carpe. Avant cela, je n'avais jamais remis en question ma façon de faire. (…) Je travaille sans scénario, sans garde-fou, sans ce guide préparé qui me dit quoi filmer. C'est pourquoi je filme tout le temps des fragments de ma vie, parfois un rien reconstitués, parfois pris directement dans l'instant du vécu. C'est mon scénario minimal. (…) Une rétrospective à Beaubourg, c'est vertigineux sans doute mais dans le même temps je la vis un peu comme un enterrement. C'est à la fois assez extraordinaire et un rien dérisoire. C'est pourquoi je ne veux pas y accorder trop d'importance, elle ne va pas changer ma vie, ni ma façon de faire du cinéma et je doute fort qu'elle m'aide à trouver un producteur pour la suite de mes films. Quand je parle de vertige, je pense aussi à cette quantité de matière qui m'écrase. Je vais présenter 80 films, ce qui est peu courant et malgré cela, je découvre qu'il restera plus d'une centaine de films non montrés. Tout montrer est devenu définitivement impossible, c'est vertigineux, comme une vie…».
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