email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

FILMS / CRITIQUES

L'Irlandais

par 

- Un thriller comique. Des personnages excentriques, mélancoliques et désenchantés bien dans la tradition du cinéma irlandais.

Sélectionné au Sundance 2011, l'Irlandais [+lire aussi :
bande-annonce
interview : John Michael McDonagh
fiche film
]
(The Guard), qui a enregistré un très grand succès dans son pays, est un thriller comique (un oxymore qui déjà reflète bien l'esprit irlandais) dont l'action se déroule sur la côte Ouest de l'Irlande. Ce premier long métrage de John Michael McDonagh est interprété par l'inénarrable Brendan Gleeson, déjà fantastique dans Bons baisers de Bruges [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, le film du frère de John : Martin McDonagh.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Bien que les deux longs métrages aient eux aussi une parenté, Bons baisers de Bruges était plus sombre, tandis que l'Irlandais est résolument drôle. Les deux oeuvres représentent toutefois une humanité excentrique, farfelue, loufoque, mélancolique et désenchantée qu'on retrouve dans nombre de films irlandais.

La carrière de l'acteur dublinois Brendan Gleeson (le professeur Alastor Moody des Harry Potter, vu aussi dans des films mémorables comme Braveheart, A.I. Intelligence artificielle, Michael Collins, Gangs of New York, 28 jours plus tard ou encore Breakfast on Pluto [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
) a pris une toute autre dimension avec Bons baisers de Bruges et L'Irlandais. Dans le premier, il jouait le rôle d'un tueur professionnel. Dans le second, il incarne un flic nommé Gerry Boyle, un type ayant un drôle d'humour et qui vit dans un village isolé du comté de Galway où les gens communiquent encore en gaélique. Cynique mais intègre, caustique, aimant lire mais aussi s'envoyer en l'air avec deux prostitués, il évolue dans un univers hostile où la corruption et la cupidité règnent parmi ses collègues.

Quand un substantiel trafic de cocaïne est signalé sur la côte ouest, les forces de l'ordre locales reçoivent le soutien de Wendell Everett, un rigide agent du FBI interprété par Don Cheadle Hotel Rwanda [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Don Cheadle
interview : Terry George
fiche film
]
, Traffic). Entre Gerry et ce yankee de couleur s'établit un rapport d'antipathie mâtiné de respect, comme dans les meilleurs "buddy-movie" qui mettent en scène deux compères. Leurs dialogues sont ponctués par les boutades racistes de Boyle ("Je suis irlandais, le racisme fait partie de ma culture !") accueillies avec une stupéfaction politiquement correcte. La plupart de leurs échanges verbaux s'articulent autour de ce choc entre deux cultures, mais sur cette base ironique naissent la confiance et la complicité naît, un sorte de pacte ne fonctionnant que s'ils acceptent de partager leurs connaissances.

Du côté des méchants, on retrouve les collègues policiers corrompus de nos héros et les trafiquants, remarquablement incarnés par Mark Strong, Liam Cunningham et David Wilmot. Ce n'est pas la première fois que le cinéma présente des criminels et/ou des policiers qui philosophent, et peut-être L'Irlandais force-t-il parfois un peu le trait comme quand les personnages discutent de leur penseur préféré (Friedrich Nietzsche a évidemment la plus grosse cote chez les méchants) ou se demandent si on peut considérer que Bertrand Russell est gallois ou pas.

Quand il n'est pas en service, Gerry Boyle va rendre visite à sa mère (Fionnula Flanagan), en phase terminale d'un cancer, et discute avec elle de Gogol, Dostoïevski et Pol Pot. On peut trouver cela un peu artificiel, mais ce n'est qu'une des contradictions du peuple irlandais, un thème qui est finalement le vrai sujet du film.

L'Irlandais parvient souvent à faire sourire et rire (parfois jaune) car la complicité avec le spectateur s'établit d'emblée et parce que le réalisateur a su inventer des personnages secondaires tout aussi excellents que les héros, comme le jeune photographe (Laurence Kinlan) qui immortalise les images les plus sordides et le gamin débrouillard Eugene Moloney (Mícheál Óg Lane).

Le film est parsemé de quelques touches de cinéma d'action à l'américaine (Don Cheadle n'est pas producteur associé pour rien), en particulier à la fin, et ses atmosphères inquiétantes doivent beaucoup au superbe travail du directeur de la photographie Larry Smith (qui a travaillé avec Stanley Kubrick sur Eyes Wide Shut et plus récemment avec Nicolas Winding Refn sur Bronson [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
).

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'italien)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy