Un western moderne au salon de l'électronique
- Le Catalan Xavi Puebla est en lice au Festival du cinéma espagnol de Malaga avec A puerta fría
“Où sont partis les vendeurs ?", se demandent les deux personnages d'A puerta fría de Xavi Puebla, qui vient d'être présenté en compétition au 15ème Festival du cinéma espagnol de Malaga. Le film se passe dans un espace éminemment anodin, un hôtel qu'on devine situé à Séville mais qui pourrait se trouver n'importe où en Espagne et pourtant, dans cet hôtel animé par un salon de l'électronique se joue une intrigue qui se rapporte bel et bien à un western crépusculaire, avec ses doubles whisky, ses regards perdus, ses visages défaits par le temps et ses dilemmes moraux qui met à mal l'orgueil des personnages.
Le troisième long métrage de Puebla, qui a obtenu un beau succès à Malaga avec son travail précédent, Bienvenido a Farewell-Gutmann (2008), parle de la crise et de ses conséquences sur la situation des vendeurs les plus anciens dans le métier. Ce n'est néanmoins pas un film social, c'est même un terrain qu'il évite soigneusement. A puerta fría construit sa trame autour de son personnage principal, Salvador Lozano (interprété par un exceptionnel Antonio Dechent, dont on ne serait pas surpris qu'il reçoive à Malaga le prix du meilleur acteur), autour des peurs de ce dernier (la retraite anticipée, la perpective de perdre le travail qui donne un sens à son existence) et de la relation ambigüe qui se crée avec la jeune hôtesse d'accueil Inés (María Valverde).
Lozano doit vendre s'il ne veut pas être remplacé par des collègues plus jeunes et mieux préparés qui comprennent le métier d'une manière différente. Il sait que le plus gros poissson du salon est Mr. Battleworth (Nick Nolte), représentant d'une grande marque retranché dans sa suite avec lequel notre héros parvient à se mettre en contact grâce à Inés.
Le film de Puebla, produit par Maestranza Films, dépeint des personnages imparfaits et désorientés qui ont en même temps un air de grandeur et du charisme. Comme les cowboys du Far West, ils n'imaginent pas une vie différente de celle qu'il ont menée jusque là, et dans un monde qui peut désormais se passer d'eux, ils sont étouffés par le passé. “Où sont partis les vendeurs ?", se demandent les personnages, sur quoi quelqu'un répond : "Sûrement pas au ciel".
(Traduit de l'espagnol)
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