Moins d’argent pour les productions étrangères tournées en Europe ?
- L’U.E. est en train d’établir un projet de loi qui réduit les subsides accordés aux productions non-européennes tournées en Europe. L’industrie s’inquiète...
L’Union Européenne est en train d’établir un projet de loi qui propose de diminuer ses subsides accordés aux productions non-européennes tournées en Europe. Voilà de quoi susciter de nouvelles inquiétudes pour l’important marché des coproductions avec les pays membres. Actuellement, ces aides s’élèvent annuellement à un montant correspondant à 3 milliards d’euros.
C’est durant l’évènement annuel organisé par l’Observatoire Européen de l’Audiovisuel au Festival de Cannes que la nouvelle est tombée. Il s’agirait de créer une nouvelle distinction en fonction de l’origine européenne ou non du demandeur de l’aide. Actuellement, une telle distinction n’existe pas et les productions non-européennes peuvent prétendre aux mêmes subsides que les films européens lorsqu’elles sont tournées ou co-produites avec un état membre. La Commission Européenne se méfie des abus, car de ce système est né une course à la concurrence entre certains états membres qui utilisent l’argent public pour attirer de grosses sociétés de production, principalement américaines. C’est notamment le cas de la Grande Bretagne et de ses 250+ millions d’euros obtenus pour des productions majoritairement hollywoodiennes en 2011 grâce à son système de crédit d’impôt. La Commission Européenne craint que ces subsides ne soient faits au détriment de petites productions européennes qui ne peuvent dès lors plus voir le jour.
C’est sans compter sur le développement des installations techniques et du savoir-faire européen subséquent à ce nouvel afflux de travail qui nécessite souvent un haut niveau de spécialisation. Des personnes ont été formées, des investissements ont été faits et ce bénéfice a des répercussions importantes sur la compétence européenne et son impact sur l’industrie audiovisuelle mondiale. Si une telle proposition venait à être adoptée, force est d’anticiper que ces industries se déplaceraient en dehors de l’Union Européenne fragilisant ainsi sa position, mais pas le nombre de films qui continueraient à être produits ailleurs, sans le moindre bénéfice pour l’industrie des pays membres.
Outre la diminution des montants alloués, la proposition prévoit également que 100% de l’aide soit dépensée dans le pays membre au lieu des 80% actuels. Ceci représente une autre source d’inquiétude de la part des professionnels qui sont bien conscients qu’une telle rectification aurait pour effet de tuer les coproductions qui ont des impératifs de multi-territorialité, qu’elles soient entièrement européennes ou non.
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