L’histoire sans fin de Big Memory
par Aurore Engelen
- Richard Olivier s’est lancé le pari un peu fou de rencontrer tous les cinéastes belges, du plus connu au plus confidentiel : Big Memory donne la parole à pas moins de 170 cinéastes !
Obsessionnel, forcément jusqu’à l’excès, Richard Olivier s’est mis en tête de rencontrer tous les cinéastes belges. De les rencontrer, mais surtout de les filmer, de les mettre en scène dans le plus simple appareil. Il les filme face caméra, portraits dépouillés, dans le lieu de leur choix. Souvent les cinéastes reçoivent le cinéaste chez eux, ouvrant parfois une porte sur leur jardin secret. Ce qui frappe de prime abord, c’est l’intimité et la disponibilité. Bouli Lanners invite Olivier sur sa péniche, et lui parle de son cinéma, du fond, des anecdotes. Jean-Pierre Dardenne décroise les bras, s’anime en parlant des ciné-clubs étudiants, et trace un parallèle entre la rugosité de New York et celle de Seraing.
On y retrouve des dynasties (Pierre Levie, Françoise Levie et Sarah Moon Howe), des fratries (Luc et Jean-Pierre Dardenne, interviewés en solo), des couples (Dominique Abel et Fiona Gordon, là aussi rencontrés en solo), des cinéastes cultes (comme Jean-Jacques Rousseau) et des cinéastes en construction (comme Micha Wald), des cinéastes du Nord (Geoffrey Enthoven, Felix Van Groeningen), du grand Sud (Mweze Ngangura), des animateurs (Vincent Patar), des documentaristes (Thierry Michel). Richard Olivier brosse le portrait de 175 cinéastes belges (dont 5 réalisateurs décédés, évoqués par des parrains de cœur). Le projet à ce jour dure près de 40 heures, mais surtout, se veut évolutif, et vise l’exhaustivité. La Belgique, et ses 4 millions de francophones, compte un nombre incroyable de cinéastes. Ce nombre impressionnant de 170 cinéastes l’est d’autant plus qu’il ne compte pas la prochaine génération, celle des réalisateurs qui brillent avec leurs courts métrages (comme Valéry Rosier ou Rachel Lang) ou sortent leur premier long (Géraldine Doignon, Delphine Noels, David Lambert).
Depuis le mois de janvier, La Trois (la troisième chaîne de la télévision publique belge RTBF) diffuse 5 soirs par semaine l’un des échanges, donnant à voir une sorte de portrait schizophrénique et kaléidoscopique du cinéaste belge, tel qu’il a été, qu’il est et qu’il sera, une hydre à mille têtes en perpétuelle régénérescence. Un projet à découvrir sur le site de la chaîne ou sur celui du film.
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