04/07/2012 - Après son avant-première internationale hors-compétition à Karlovy Vary, Cineuropa se penche sur l'intrigante méditation de Mark Cousins sur le cinéma, Eisenstein et le plaisir de courir nu

Après six années consacrées à l'épique documentaire de 15 heures The Story Of Film, Mark Cousins s'est retrouvé avec un objet oublié de lui : du temps libre. Ayant trois journées à tuer à Mexico City, il s'est mis à tourner un film avec son téléphone portable. Tout en errant dans la capitale mexicaine, il a voulu évoquer son héros, Eisenstein (qui a résidé quelques temps dans cette ville des années avant son séjour), la nature de l'extase et la douleur du départ. En chemin, il a filmé tout ce qui attirait son regard, d'une bande de joyeux enfants à une procession organisée autour du corps du Pape Jean-paul II. Plus tard, Cousins a ajouté à son travail d'autres films réalisés pendant ses voyages. Le résultat est autant un traité sur la nature de l'identité que sur le pouvoir du cinéma – mais Cousins trouve tout de même le temps pour se promener nu dans la Vallée des dieux.

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En créant cet essai abstrait sur le cinéma, Cousins prête inévitablement le dos à l'accusation de s'être surtout fait plaisir. What Is This Film Called Love? (litt. "quel est ce film nommé amour") répond certainement à cette accusation, mais c'est justement ce qui en fait un film aussi joyeux et séduisant. Cousins joue avec la forme (à travers une narration flâneuse et pleines d'ellipses et un flot constant d'images et de montages) tout en essayant de comprendre pourquoi donc on raconte des histoires et pourquoi elles nous touchent. Le film est souvent drôle (on note le ton pince-sans-rire sur lequel il est dit que "finalement, on s'est aperçu que Walt Disney était un peu un connard"), parfois émouvant, et souvent il fait réfléchir. C'est un film réalisé avec amour et passion et même dans ses moments les plus divagants et abstraits, sa liberté et sa joie en font une expérience formidable.

Cousins s'étant fait une belle réputation dans le monde avec The Story of Film, son nouveau film devrait être bien accueilli dans le circuit des festivals. Les distributeurs pourraient se montrer plus timorés – quoiqu'il semble que le film sortira pour sûr dans quelques salles britanniques – mais là où le film sera projeté, il est certain de trouver le public dévoué qu'il mérite.

(Traduit de l'anglais)