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SARAJEVO 2012

Policeman : l"ennemi" est parmi nous

par 

- Tandis qu'à Jérusalem, Nadav Lapid vient d'annoncer son prochain projet intitulé The Kindergarten Teacher, son premier long est au programme à Sarajevo

Après Locarno, Jérusalem, Buenos Aires ou encore San Francisco, Policeman, le premier long métrage de l'écrivain israëlien Nadav Lapid, a été présenté au 18ème Festival de Sarajevo dans la section "Operation Kino".

Dans son pays, Policeman fait partie des titres les plus polémiques de l'année dernière. Il parvient cependant à faire ce que peu de productions israëliennes engagées réussissent à faire : parler de l'identité et des contradictions du pays sans aborder directement le conflit israélo-palestinien. Le fantôme de "l'ennemi arabe" est inévitablement présent, mais Policeman préfère jouer avec les attentes et les craintes avant de surprendre le spectateur par une histoire qui n'oppose pas juifs et Palestiniens mais les Israéliens entre eux, plus précisément les forces de l'ordre et les jeunes révolutionnaires qui s'élèvent contre l'ordre.

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Comme s'il proposait deux films en un, le scénario de Policeman s'articule autour de deux trames dont les protagonistes respectifs, de bords opposés, ne se croiseront qu'à la fin. Dans la première partie du film, on fait la connaissance de Yaron, le policier du titre. Ce dernier, qui est sur le point de devenir père, est partagé entre, d'une part, la tendresse qu'il a pour sa femme et la bonne camaraderie de ses rapports avec ses amis et, d'autre part, la violence de son travail au sein de la brigade anti-terroriste. Lapid explore à travers le personnage de Yaron non seulement la notion de masculinité dans un pays où être un homme signifie inévitablement avoir été soldat, mais aussi la corruption d'une police au sein de laquelle le respect de l'intérêt suprême de l'État doit être respecté à tout prix - ce que fait Yaron, qui remplit sa mission sans poser de questions, enfin pas dans un premier temps.

La deuxième partie du film, qui commence sur l'image d'une bande de punks occupés à détruire une voiture dans les rues de Tel Aviv, s'intéresse à une groupe d'étudiants décidé à exprimer leurs revendications sociales à travers un acte de terrorisme. La révolution, on le sait, est une invention bourgeoise, et c'est bien de ce milieu social que viennent ces étudiants. C'est dans le bel appartement de l'un d'eux que les agitateurs imaginent l'enlèvement d''une des plus grandes fortunes du pays pour attirer l'attention du public sur les disparités sociales. Bien que le meneur de l'opération soit un garçon, le personnage principal de cette intrigue est la seule fille du groupe. Son affrontement verbal avec la fille de l'homme d'affaires kidnappé (qui se retrouve elle aussi séquestrée le jour même de son mariage) est un des dialogues les plus saisissants du film : "Tu n'as pas de tête, tu as une coiffure. Tu n'as pas de corps, tu as un habit. - Ils viendront me sauver, tu iras en prison et là, tu voudras être comme moi."

Les deux histoires du film représentent deux mondes distincts qui se trompent tous les deux sur leurs méthodes et se trouvent impuissants devant la possibilité d'un changement. À travers leurs figures principales respectives, ces deux mondes finissent par se retrouver littéralement face-à-face comme surviendrait une explosion après deux heures passées par Lapid à dépeindre avec talent et perspicacité la tension latente et les contradictions d'une société. Policeman est de ces films qui dérangent, qui osent poser des questions aussi graves qu'incommodantes dans un monde où la peur et l'ignorance sont les meilleurs amis d'un status quo souvent tragique et injuste.

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(Traduit de l'espagnol)

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