Cinéma transgenre pour festival sans frontières
par Emmanuel Cuénod
- Le programme du 65e Festival international du film de Locarno vient de tomber, avec un retour en force du cinéma américain indépendant dans les sections compétitives.
Il l'annonce sans détour: la 65e édition du Festival international du film de Locarno, qui se déroulera du 1er au 10 août, sera "une aventure". Dans la bouche du Français Olivier Père (lire l’interview), qui dirige la manifestation depuis trois ans, le mot a une signification particulière. L'aventure en question est avant tout cinéphile. Elle consiste en la découverte de nouveaux auteurs mais aussi, et peut-être surtout, de nouvelles manières de raconter une histoire sur grand écran. "Plusieurs œuvres que nous avons sélectionnées évoluent à la frontière entre les genres, observe-t-il ainsi. A côté de narrations plus classiques, on trouvera des essais cinématographiques et des documentaires au ton très libre."
D'où une Compétition internationale à la physionomie très ouverte. Hormis quelques noms familiers – comme l'enfant terrible du cinéma français Jean-Claude Brisseau, qui revient avec La fille de nulle part, le documentariste canado-suisse Peter Mettler, qui montrera son très attendu The End of Time, ou encore Nicolas Pereda, repéré en 2010 à la Mostra de Venise et qui a été sélectionné avec Los Mejores Temas –, le gros des troupes demeure largement inconnu sous nos latitudes. Il faut également y voir une conséquence du retour en force du cinéma indépendant américain à Locarno. Paradoxalement peu distribués et souvent oubliés dans les grands rendez-vous internationaux, les films US se taillent la part du lion de la Compétition, avec pas moins de six titres en lice (Compliance de Craig Zobel, Jack and Diane de Bradley Rust Gray, Somebody Up There Likes Me de Bob Byington, Starlet de Sean Baker et, dans une certaine mesure, les coproductions Leviathan de Lucien Castaing-Taylor et Verena Paravel ainsi que Museum Hours de Jem Cohen).
La Suisse tire également son épingle du jeu. Outre The End of Time, un autre film helvétique régate dans la section principale – Image Problem, le premier long métrage documentaire de Simon Baumann et Andreas Pfiffner. Et l'on pourra découvrir les très attendus Nachtlärm de Christoph Schaub, Das Missen Massaker de Michael Steiner et More than Honey de Markus Imhoof sur la Piazza Grande, dont la programmation déborde par ailleurs de surprises alléchantes. On citera, pêle-mêle, Wrong, le nouveau film de Quentin "Rubber" Dupieux, Magic Mike de Steven Soderbergh.
Motorway de Soi Cheang, une production de Johnnie To retenue dans le cadre de l'hommage que le festival rendra à ce dernier, ou encore The Sweeney, du turbulant Nick Love). Si l'on ajoute à cela une rétrospective – complète, à l'exception d'un film, invisible désormais – d'Otto Preminger, une section Cinéastes du présent dopée par un nouveau prix, des compétitions de courts métrages revues et augmentées, un Léopard d'honneur à Leos Carax, un Excellence Award à Charlotte Rampling et un Prix Premio Raimondo Rezzonico du Meilleur producteur indépendant à Arnon Milchan – qui a travaillé avec Sergio Leone, Martin Scorsese ou encore Terry Gilliam –, on se fera une juste idée de la frénésie qui régnera, début août, sur les rives pourtant réputées tranquilles du lac Majeur.
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