Vegetarian Cannibal : simple, direct et efficace
par Vladan Petković
- Ce film de Branko Schmidt explore les bas-fonds de la société croate
Vegetarian Cannibal [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film], deuxième adaptation réalisée par le Croate Branko Schmidt à partir d'un roman d'Ivo Balenović (après le très populaire Metastases), évoque de nouveau les problèmes de sa société, mais de manière plus concrète. Cette approche a été payée de retour au Festival de Pula, où le film a remporté cinq Arènes d'or, dont celles du meilleur réalisateur et du meilleur acteur.
Dr Danko Babić (Rene Bitorajac), un homme dans sa trentaine, a une belle carrière de gynécologue. Bien qu'il soit, certes, un expert dans son domaine, c'est aussi un ambitieux sans scrupules et de fait un homme des plus détestables. Son meilleur ami, Ilija (Leon Lučev), est commissaire de police, et ensemble, ils participent à des escroqueries liées à des paris sportifs. Ilija lui fait aussi connaître Jedinko (Emir Hadžihafizbegović), "homme d'affaires douteux" qui fait dans les drogues dures et la prostitution de luxe (avec, naturellement, l'aide de ses contacts dans la police), car ce dernier a besoin d'un gynécologue pour "s'occuper" de ses employées, c'est-à-dire pour procéder à des avortements illégaux. Ces personnages renvoient à la collusion du gouvernement et du crime organisé, à la corruption dans la société croate.
Tout cela ne pose aucun problème à Babić, tant qu'il y gagne de l'argent. Il ne voit également aucune objection à falsifier des résultats de tests (ce qui amène une femme à manquer de mourir par exsanguination) pour détrôner de son poste le chef du département d'obstétrique et prendre sa place, ni à procéder à des avortements après la dixième semaine de gestation.
Dans Vegetarian Cannibal, aucun personnage ne rattrape l'autre, Babić est même le seul personnage vrai – les autres ne sont là que pour l'aider ou lui mettre des bâtons dans les roues y compris ses collègues, dont l'hypocrisie et le sexisme ne les rendent pas meilleurs qu'il ne l'est.
Le film de Schmidt est un film viscéral qui use beaucoup de la caméra à l'épaule et de montages brusques. On y voit aussi de violentes scènes de combats de chiens et les restes sanguinolents des opérations d'avortement nous sont montrés qui contrastent cruellement avec la blancheur aseptisée des couloirs d'hôpital, ce qui renvoie aux contradictions du personnage lui-même – car Babić est un végétarien qui fait du sport, ce qui ne l'empêche pas d'abuser du cognac, de la cocaïne et de la morphine.
Le rythme du film est rapide et laisse peu d'espace entre cause et effet, ce qui donne l'impression d'une certaine superficialité mais le rend en contrepartie tout à fait direct et efficace.
Vegetarian Cannibal, produit par Telefilm, n'a pas encore d'agent de ventes internationales.
(Traduit de l'anglais)
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