Changement de cap pour Vincent Lannoo
par Aurore Engelen
- Avec Little Glory, Vincent Lannoo ajoute une corde à son arc de réalisateur multi-genres, et offre une inattendue relecture sociale du teen movie américain
C'est à tout autre chose que Vincent Lannoo nous avait habitués: un monde de farces tragiques, de parodies grinçantes, de bouffons hâbleurs et de perdants pas franchement magnifiques. Autant dire que Little Glory [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film], chronique mélancolique d'une adolescence bousculée au cœur d'une Amérique pas très cinématographique, étonne au premier abord.
Une gueule d'ange au casting, sorte d'écho fantomatique de la figure de James Dean, traverse l'écran, imprimant au récit son rythme indolent, presque plombé, par un quotidien fait de répétitions. Shawn ne va plus à l'école, a quitté son boulot, joue aux jeux vidéos, et traîne avec des gars pas trop malins mais trop violents. Il vit avec son père, ouvrier de chantier porté sur la boisson, et sa petite sœur de 10 ans sa cadette. Leur mère vient de mourir, et malgré ses airs bravaches, Shawn ne sait pas comment couper ce cordon rompu trop tôt. Au détour d'une échelle et d'une bière de trop, le père fait une chute mortelle. Si Shawn accepte avec fatalité l'ultime démission de ce père marqué par la vie, il ne prend pas tout de suite la mesure des nouvelles responsabilités qui lui incombent: il pourrait devenir le tuteur légal de sa petite sœur. Shawn et sa sœur, qui vont s'aider à grandir mutuellement, vont surtout apprendre que parfois, faire le bon choix, c'est savoir renoncer.
Little Glory est à l'origine un scénario de François Verjeans. Vincent Lannoo et John Engels, à la production, s'en sont emparés pour le transposer outre-Atlantique, dans une Amérique qu'on voit rarement à l'écran, une Amérique ni pauvre, ni riche, ni celle des classes moyennes des banlieues, ni celle des centres urbains grouillants, ni celle des trailers parks white trash. Un pari audacieux, qui vient ajouter une pierre de plus à la diversité du cinéma belge. Produit par Left Field Ventures, avec le soutien du CCA, de Wallimage et du Tax Shelter (uFund), le film est distribué sur 6 copies par Artebis.
A noter également que sort cette semaine en salles un documentaire belge, Il a plu sur le grand paysage, de Jean-Jacques Andrien.
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