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Europe Créative, un parcours semé d’embûches

par 

- Entretien avec la rapporteur Silvia Costa

Europe Créative, un parcours semé d’embûches

Cette année Cineuropa s'associe au forum d’Avignon pour une carte blanche sur le thème « la création, moteur de l’Europe ?»  À travers des débats inédits le Forum d’Avignon a pour objectif d’approfondir les liens entre les mondes de la culture et de l’économie en proposant des pistes de réflexion au niveau international, européen et local.

Europe Créative a pour but principal de promouvoir notre culture européenne, tout en boostant nos secteurs économiques. Cependant, le chemin que doit parcourir cette proposition législative avant d’atteindre le statut de loi en tant que telle, est un parcours semé d’embûches. Pour mieux comprendre les mécanismes européens de décision, Cineuropa est allé à la rencontre de Mme Silvia Costa, députée européenne et rapporteur du projet Europe Créative. En tant que rapporteur, Mme Silvia Costa est chargée de rédiger le projet « Europe Créative » et de le mener à bien. Retour sur les coulisses d’une bataille politique.

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C’est en 2012 que commence l’odyssée politique du projet Europe Créative. Durant cette première phase, chacun des trois organes engagés dans la prise de décision politique européenne  - La Commission européenne, le Conseil de l’Union européenne et le Parlement européen - définit sa  propre position par rapport au programme. En 2013, c’est une nouvelle phase qui débute, celle des négociations ou « trilogue ».  Un trilogue est un meeting informel regroupant un représentant de chacune des trois institutions et durant lequel les conditions d’un projet de loi sont négociées. Si un accord est trouvé entre les trois représentants, le projet de loi passe alors au vote, au Conseil et au Parlement. Un vote favorable dans les deux institutions verra le projet législatif se transformer en loi. A ce jour, la proposition de « Créative Europe » est en première lecture. Ceci revient à dire que le trilogue se réunit pour la première fois. Nombreux sont ceux qui espèrent que l’issue des négociations sera favorable dès la première lecture, de sorte que le programme puisse être implémenté dès début 2014. Néanmoins la réalité politique d’Europe Créative est quelque peu plus complexe.

Tout d’abord, pourquoi avons-nous besoin d’un programme comme Europe Créative ? Selon le rapporteur Silvia Costa interviewé par Cineuropa, la culture et l’éducation représentent le centre du futur européen, de la nouvelle génération et de l’identité européenne. Le programme Europe Créative supporte donc l’idée que les arts et la culture européens ont une valeur intrinsèque. Cette valeur est intellectuelle bien sûr, mais également économique. Un cadre est nécessaire au bon développement de ces deux valeurs et c’est le rôle d’Europe Créative que de fournir ce cadre.

Néanmoins, en ne fournissant qu’un seul cadre aux trois programmes, Europe Créative risque d’amoindrir la visibilité, acquise depuis plus de 20 ans, de chacun des programmes. C’est pourquoi Silvia Costa et son groupe politique, l’alliance progressiste des socialistes et démocrates, demandent une séparation claire des volets MEDIA et Culture, qui incluent des objectifs séparés et une allocation du budget bien définie. «Il est cependant essentiel de s'assurer que ce programme-cadre tienne compte de la nature spécifique des secteurs culturels et créatifs, en particulier le secteur de l'audiovisuel, ainsi que de leurs besoins particuliers, à travers des approches faites sur mesure dans deux programmes indépendants ». Silvia Costa a expliqué à Cineuropa qu’elle insiste sur la rédaction d’amendements qui permettraient de conserver les logos existants du programme « et d'assurer la visibilité du programme-cadre Europe Créative en lui assurant une identité visuelle, ainsi qu’un emblème. »

Silvia Costa a également expliqué à Cineuropa durant l’interview, qu’elle et son comité parlementaire – Culture et éducation (CULT) – ,tentent de faire comprendre aux autres députés européens qu’il est tout à fait logique que les projets culturels et audiovisuels aient accès aux autres fonds européens. Cela dit, le comité parlementaire CULT cherche particulièrement à ce que la culture et l’audiovisuel aient accès au fond Horizon 2020, le programme-cadre pour la recherche et l’innovation qui sera aussi lancé début 2014. L’argument étant que la culture et l’audiovisuel s’entremêlent avec la recherche et l’innovation.  

Cependant, Mme Costa nous l’a confié durant l’interview, son principal cheval de bataille c’est probablement le budget alloué à Europe Créative. Le parlement a proposé un budget de 1,8 milliards d’euros que le conseil des ministres veut réduire. «Ce serait une réduction inacceptable de presque un tiers - de 1,8 à 1,3 milliards d'euros  -, une proposition de la Commission pour le budget du programme Europe Créative, le nouveau programme 2014-2020, en raison des coupes effectuées par le Conseil des ministres dans la nouvelle programmation pluriannuelle, qui n’est pas partagée par le Parlement européen " a expliqué Silvia Costa. De plus, ce budget ne se limite pas à l’Europe  mais vaut également pour les pays  frontaliers. "J'ai demandé à tout le groupe S & D et au rapporteur Ivailo Kalfin, de soutenir fermement le rétablissement de ce fonds, compte tenu de l'importance stratégique des industries culturelles pour le développement, la croissance et l'emploi, mais aussi pour la cohésion territoriale et l'inclusion sociale " a ajouté l'eurodéputé.

Pour combattre cette diminution, l’association culture action Europe a lancé une pétition appelée « We are more, act for culture in Europe » qui demande à tout le moins de maintenir le budget de départ. Silvia Costa elle –même soutient fermement cette initiative. "En ce sens, je considère très important et je suis d'accord avec les appels promus par le réseau européen We are more – act for culture in Europe, qui représente plus de 100 organisations et artistes en Europe, ainsi que par le Forum culturel Eurocité. » Si vous aussi souhaitez signer la pétition rendez-vous sur http://www.wearemore.eu/.

Suite à ces problèmes de négociations budgétaires, le projet risque de ne pas être approuvé en première lecture. Ceci aura pour conséquence que le programme débutera plus tard dans l’année 2014 et ce avec  déficit dû au délai de son implémentation. Au contraire, une adoption en première lecture permettrait que le programme « Europe Créative » soit lancé en 2014 et que le risque de déficit de financement entre la période de programmation actuelle et la suivante soit moindre. Enfin, toutes ces embûches politiques sont sans compter sur la présidence Irlandaise. Celle-ci dure jusque fin Juin 2013 et veut voir ce dossier majeur se clôturer sous sa présidence.

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