03/12/2013 - Les organisations d'exploitants européennes UNIC, CICAE et Europa Cinemas critiquent les expériences de lancements multi-plateformes simultanés de l'Europe

Le lancement du programme-cadre Europe créative approche, mais les organisations européennes UNIC, CICAE et Europa Cinemas s'opposent vivement à la tentative de la Commission européenne de soutenir les lancements multi-plateformes simultanés (dits day-and-date) au moyen de l'Action préparatoire "Circulation des films à l'ère du numérique". La critique des trois fédérations porte notamment sur le fait que ce programme a été conçu sans aucune consultation préliminaire des exploitants et qu'il menace d'affaiblir considérablement la place des cinémas.

“En rendant les films disponibles uniquement dans leurs salles pendant un certain temps – un privilège qui n'est pas gratuit –, les cinémas sont en mesure d'offrir une expérience du cinéma collective et sans pareille, estiment les trois organisations. En retour, le plaisir unique qu'il y a à voir un film ensemble, sur grand écran, génère une publicité énorme et contribue au succès du même film sur les autres plateformes. En aidant activement la consommation des films à domicile aux dépens des cinémas, on risque d'affaiblir le caractère unique du cinéma européen. Nous devrions travailler ensemble au succès de tous, au lieu d'encourager le cannibalisme".

“Il n'est pas surprenant que la très grande majorité des acteurs de l'industrie du film aient choisi de ne pas participer aux projets financés dans le cadre de la première mise en oeuvre de l'Action préparatoire", affirment dans leur déclaration commune Phil Clap, le président de l'UNIC, Detlef Roßmann, qui préside la CICAE, et Nico Simon, le président d'Europa Cinemas. La Commission prévoyait au départ de lancer 80 à 100 titres selon cette méthode. "Pour le moment, seuls trois films ont été lancés sur différentes plateformes simultanément ou selon une chronologie des médias très altérée, or les résultats au box-office de ces films ciblés sur un public particulier sont pour l'instant médiocres. De plus, le manque global de transparence sur le marché émergent de la VÀD signifie qu'il génère, à ce stade, peu de revenus, voire aucun. Reste aussi à éclaircir la manière dont les projets soutenus dans le cadre de l'Action ainsi vont être évalués et si cette évaluation sera confiée à un organisme indépendant".

Comme la Commission prévoit d'élaborer une "Recommandation du Conseil sur le cinéma à l'ère du numérique" qui conseillera les pays-membres de l'Union sur la manière de mieux soutenir le cinéma européen, les exploitants trouvent important de souligner le succès limité des expériences de lancements "day-and-date" effectuées jusqu'ici ainsi que la valeur du passage exclusif des films dans les salles, deux faits qui pour eux devront apparaître dans la recommandation. À ce jour, les cinémas sont encore le meilleur outil pour améliorer la visibilité en-dehors de leurs frontières nationales des films européens. Beaucoup de cinémas usent des réseaux sociaux et du marketing mobile pour attirer les cinéphiles et se positionner comme des lieux de rencontre culturels et créatifs en lesquels les gens ont confiance au sein de leur communauté.

“Ces efforts devraient être reconnus et soutenus par toutes les institutions européennes", résument les représentants des exploitants. "Le lancement d'Europe créative est une formidable occasion de stabiliser et renforcer l'apport social, culturel et économique que représentent les salles de cinéma en Europe – surtout dans les petites villes et les communautés rurales, où il est de plus en plus important de lutter contre l'isolement social".

(Traduit de l'anglais)