Coproduire en Europe, solution économique ou choix artistique ?
par Axel Scoffier - INA
- Le moteur d’une coproduction est-il seulement fiscal, ou peut-il être aussi artistique ? Est-il possible de réussir cinématographiquement une coproduction ?

Si L’Auberge espagnole ou Les Mystères de Lisbonne [+lire aussi :
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fiche film] sont des coproductions bien connues et constituent deux bornes identifiées du cinéma européen, qui sait que La Vie d’Adèle [+lire aussi :
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interview : Abdellatif Kechiche
fiche film], lauréat de la Palme d’or en 2013, est une coproduction franco-belge-espagnole, réunissant les producteurs Quat’Sous Films, Wild Bunch, Vertigo Films, le tax shelter SCOPE Pictures, la RTBF, France 2 Cinéma et EURIMAGES ? Le film d’Abdellatif Kechiche, à l’image d’un nombre croissant de films européens, est discrètement international.
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interview : Roland Emmerich
fiche film] de Emmerich, coproduit par Anonymous Pictures, Studio Babelsberg et Columbia), les multiples relations nouées entre producteurs européens tissent un réseau dense de coproductions cinématographiques sur le vieux continent.
Quelques axes de coproduction en Europe
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fiche film] (Polanski), Three Musketeers 3D [+lire aussi :
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fiche film] (Anderson), Anonymous (Emmerich) ou encore Carnage [+lire aussi :
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fiche film] (Polanski)…. Cet axe est amené à se renforcer sous l’impulsion de StudioCanal, dont le développement au Royaume-Uni et en Allemagne se concrétise autour de projets tels que Tinker Tailor Soldier Spy [+lire aussi :
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fiche film], ou encore la série Pillars of the Earth.
L’axe franco-italien, comme d’autres anciens axes de coopération privilégiés, a perdu de sa superbe sous l’effet de la crise qui mine le cinéma italien depuis les années 1970. Ce n’est que très récemment, au bénéfice d’un nouvel accord de coproduction franco-italien (en 2003), que les coproductions regagnent en nombre et en qualité. Le cinéma d’auteur italien passe désormais souvent par la France, tandis que le reste de la production reste très polarisé par la télévision nationale.
Une solution économique, un défi artistique
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interview : Jan Ole Gerster
fiche film] du cinéaste allemand Jan Ole Gerster, entièrement situé dans les rues de Berlin), mais aussi par commodité linguistique ou logistique. Du côté des producteurs, il y a une certaine tendance à penser d’abord au marché national. Pour Rodolphe Buet, PDG de StudioCanal Germany, « le cinéma français est très tourné vers le marché français (…) et le cinéma allemand est en grande partie financé par la télévision… ». Mais il est aussi vrai que le système français, plus attentif à l’ambition artistique des projets, attire ainsi des cinéastes du monde entier : Margaret Ménégoz, productrice et directrice des Films du Losange, rappelle ainsi que « la France s’intéresse beaucoup aux metteurs en scène étrangers, même les jeunes cinéastes. Et il est vrai aussi que l’industrie du cinéma va mal dans beaucoup de pays : en Espagne, l’État fait de grandes coupes dans le budget de la télévision, en Italie il n’y a plus de réglementation et il n’y a pas vraiment de relève à la grande période du cinéma italien… ». Chez les producteurs indépendants, la recherche de la cohérence artistique est donc première. Selon Bertrand Faivre, producteur et directeur général du Bureau, « les cinéastes et producteurs sont très sensibles au territoire sur lequel ils travaillent. C’est le premier curseur, le premier marché à l’aune duquel on mesure le succès du film. Les films qui sont destinés au marché international sont effectivement avantagés s’ils sont en langue anglaise. Mais le premier critère de la réussite, pour moi, c’est la réussite artistique du film (…) ». Pour Paulo Branco, producteur et directeur d’Alfama Films, « en tant que producteur, je produis depuis la France parce que c’est le système le moins mauvais, je le prends comme un outil. On encourage ici un certain rapport artistique au cinéma, même si les mécanismes de sélection du CNC ont parfois tendance à normaliser les films. »
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fiche film]l, qui a un budget nettement plus gros [que L’Inconnu du Lac [+lire aussi :
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interview : Alain Guiraudie
fiche film]], est pensé dès le début comme tourné vers le public international. Mais encore une fois, le cinéma est une offre, donc on pense d’abord à la réussite artistique du film en tant que proposition nouvelle pour le public ». Même logique chez StudioCanal (producteur par exemple de Tinker Tailor Soldier Spy en 2011), mais cette fois en interne : « Les filiales ont une autonomie dans l’exploitation, mais pour la production elles collaborent entre elles, elles ont des contacts hebdomadaires et sont totalement impliquées dans le processus. Il faut évidemment que les projets aient une assise européenne suffisamment forte en termes de marché, et cela passe bien sûr par des estimations de ces trois principaux territoires ». Pour des projets d’envergure internationale tels que ceux de StudioCanal, « le choix du tournage en Allemagne, en France ou en Grande-Bretagne dépend beaucoup des incitations fiscales qui y sont proposées » (Rodolphe Buet), même si la racine du financement part du siège français de StudioCanal.
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interview : Philippe Lioret
fiche film], Le Capital [+lire aussi :
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fiche film], ou encore Far North [+lire aussi :
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fiche film], avec Michelle Yeoh, et je ne passe pas toujours par l’Angleterre. Dans Joyeux Noël, par exemple, la coproduction fait partie de la génétique du projet : un film sur la Première Guerre mondiale où des armées de plusieurs nationalités fraternisent préfigurait quelle devait être la configuration idéale de la coproduction. »
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