email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

CANNES 2014 Un Certain Regard / Grèce

Xenia : Identité et fraternité

par 

- CANNES 2014 : Panos H. Koutras présente au Certain Regard une fable réaliste et pleine de charme sur deux frères d'origine albanaise dans la Grèce d'aujourd'hui

Xenia : Identité et fraternité

La crise violente qui frappe de plein fouet la Grèce depuis plusieurs années a déjà fait couler beaucoup d'encre, mais elle a aussi vu émerger une génération de cinéastes assez radicaux, créateurs d'oeuvres plutôt sombres. Leur audace souvent transgressive est néanmoins sans commune mesure avec l'ample imagination plus solaire de leur aîné Panos H. Koutras, révélé en 1999 avec l'extravagant L'attaque de la moussaka géante et confirmé avec Real Life (2004) et Strella [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
(Panorama de la Berlinale 2009). Très à son aise dans la tragicomédie et ne reculant devant aucun mélange des genres, de la fable à l'hyper-réalisme, de la focalisation sur une relation humaine à un vaste portrait de société, en passant par des temps euphoriques de comédie musicale et des incursions saisissantes dans l'onirique et  le fantastique, le cinéaste s'autorise toutes les libertés dans Xenia [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Panos H. Koutras
fiche film
]
, découvert aujourd'hui au 67ème Festival de Cannes, au programme du Certain Regard. Réussissant à traiter de sujets graves avec des ondes bienvenues de légèreté et d'humour, le film distille un charme indéniable dans le sillage toujours en mouvement de ses deux protagonistes.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Car c'est de deux frères qu'il s'agit. Dany (Kostas Nikouli), homosexuel âgé de presque 16 ans, chevelure blonde décolorée, casquette et collier de chien, perpétuelles sucettes à la bouche, prend un bateau depuis la Crète et rallie Athènes pour annoncer à son aîné Ody (Nikos Gelia) que leur mère est morte. Nés en Grèce, mais d'origine albanaise, les deux frères se retrouvent à la merci d'une expulsion. Hébergé par le viril Ody, gentil mais moyennement ravi de devoir veiller sur son cadet ("je t'ai interdit de venir", "ne me fais pas honte", "si tu veux rester à Athènes, il va falloir te calmer"), Dany a deux idées fixe. La première est de retrouver leur père (baptisé "L'innommable") qui les a abandonné des années auparavant et qui vivrait désormais à Thessalonique, riche et surtout naturalisé grec. Sa seconde obsession est que Ody participe à l'émission de téléréalité Greek Star et y chante du Patty Pravo, une chanteuse italienne des années 60-70 à laquelle leur mère (qui était artiste de music-hall) vouait un véritable culte qu'elle a transmis à ses deux enfants. De péripéties en mésaventures, à travers une Grèce gangrénée par la violence des groupuscules d'extrême-droite, et avec l'aide de Tassos, un vieil ami de la famille (Aggelos Papadimitrou) tenancier de la boîte de nuit Le Paradiso, les deux frères partent en quête de leurs "rêves perdus"...

Oscillant entre une fable bercée par un esprit ludique et le dynamisme de la jeunesse de nos deux héros, et un constat brut des épineuses questions de société agitant le débat politique en Grèce et en Europe (la nationalité et le droit du sol/droit du sang, la montée des extrémismes sous couvert de patriotisme), Xenia (mot grec signifiant "l'hospitalité") est surtout un portrait très réussi de fraternité. Sur les traces de ses deux acteurs principaux (non-professionnels) très attachants, le film se déploie dans une belle mise en scène sachant tirer parti de décors très suggestifs (la mer, la forêt, la ville, l'hôtel délabré, la villa transparente) et les quelques raccourcis du scénario (un pistolet apparaissant opportunément par exemple) ne prêtent pas à conséquence sur le plaisir du spectateur. Et comme le lapin blanc, compagnon de Dany, et objet de plusieurs métamorphoses (dont certaines délirantes) au cours du récit, la magie poético-réaliste de Panos H. Koutras opère. 

Coproduit par la Grèce, la France et la Belgique et finalisé au terme d'un véritable parcours du combattant financier en post-production,  Xenia est vendu à l'international par Pyramide.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy